L’entreprise iséroise Poma a été sélectionnée pour le projet du téléphérique toulousain devant relier l’université Paul-Sabatier à l’Oncopole en 2020. Les travaux devraient débuter sous peu et coûteront 54,6 millions d’euros. Si certains obstacles demeurent encore, il semble toutefois qu’ils pourraient être rapidement surmontés.
La Ville rose va s’inscrire dans la continuité de Grenoble et Brest : Toulouse sera la troisième ville de France à s’équiper d’un téléphérique urbain. Ce « téléphérique urbain sud » sera composé de trois stations s’étalant sur trois kilomètres, de l’université Paul-Sabatier à l’Oncopole. En 10 minutes, une cabine transportant 35 passagers reliera les deux extrémités de la ligne.
Le téléphérique urbain est un projet toulousain qui a fait son chemin puisque les premières études ont été réalisées par l’équipe de l’ancien maire Pierre Cohen (PS). En 2020, le téléphérique fonctionnera de concert avec les autres moyens de transport toulousains et sera confié à la régie Tisséo. Cette dernière espère que 7000 passagers emprunteront quotidiennement le téléphérique afin de le rentabiliser. Des facilités de stationnement seront créées avec notamment l’implantation d’un parking relais de 500 places à l’Oncopole. En heure de pointe, une cabine partira toutes les 1 min 30 et permettra de désengorger les transports publics et les principaux axes entre ces deux destinations.
Un projet avec de nombreuses questions techniques
La création d’un téléphérique à Toulouse a soulevé de nombreux soucis techniques. Le premier concerne la conception. Un téléphérique peut effectivement utiliser soit des câbles, soit un rail. Pour le projet toulousain, l’entreprise Poma a retenu la première option, et érigera sept pylônes sur lesquels seront installés trois câbles. Les cabines transiteront donc à la manière d’un téléphérique de montagne.
Le second problème est la résistance au vent : des études ont été faites et les matériaux seront adaptés pour y résister et éviter un effet de balancement.
« Avec le système que nous avons choisi, l’infrastructure peut fonctionner jusqu’à 108 km/h de vent » selon Francis Grass, président de la Société de la Mobilité de l’Agglomération toulousaine.
Le tracé du téléphérique pose aussi problème. Un des pylônes doit en effet être placé dans le parc du Lycée Bellevue. Parents, enseignants et élèves se sont réunis et ont lancé une pétition en mai 2016 pour déplacer le pylône. « Le choix du site d’implantation de la gare de départ/arrivée du téléphérique, telle qu’il est actuellement présenté, menace le patrimoine bâti et paysager du Lycée polyvalent Bellevue et le quotidien de plus de 2.250 élèves et de 200 membres du personnel » écrivent-ils. Mais les maîtres d’oeuvres assurent que tous les avis seront pris en compte pour que le projet convienne à tous.
Les ballastières de Braqueville, un site à dépolluer
Enfin, le dernier problème n’est pas des moindres : le téléphérique doit survoler les ballastières de Braqueville. Le problème est que ce site est classé dangereux car l’Armée, après la Première Guerre Mondiale, y a immergé pas moins de 4700 tonnes de nitrocellulose. Cet explosif entrant dans la composition des obus s’enflamme au contact de l’air.
Pacte état-métropole: Le premier ministre engage l’état dans la dépollution des ballastières. pic.twitter.com/SdE6gWo8y8
— François Chollet (@francoischollet) 13 janvier 2017
Actuellement, les 4700 tonnes sont inertes car entreposées sous l’eau. Mais la question de forts épisodes de sécheresse se pose : si le niveau de l’eau descend suffisamment pour que la nitrocellulose soit exposée à l’air libre, le danger est grand pour le téléphérique. Lors de sa visite à Toulouse début janvier, Bernard Cazeneuve a assuré avoir demandé à l’Armée de dépolluer le site. La question est donc en passe d’être réglée. Le téléphérique, lui, devrait entrer en service en 2020.