7% des Toulousains pédalent pour aller au travail. Ce score, récemment présenté par l’INSEE s’appuie sur les chiffres du recensement 2015 et envoie la Ville rose à la 5ème place du classement national.
« Une place dans un tel classement national est toujours une bonne nouvelle, mais la réalité c’est qu’il reste encore beaucoup de travail » reconnaît Jacqueline Winnepenninckx-Kieser, adjointe aux transports « mode doux » à la mairie de Toulouse. Avec 7% de « vélos-taffeurs », Toulouse fait mieux que la moyenne en Occitanie (2,2%) mais reste très loin des capitales de la petite reine comme Copenhague (36%) ou Amsterdam.
Initialement porté par l’ex-maire de Toulouse Pierre Cohen, le Plan Vélo a offert à partir de 2011 une attention particulière au volet cyclable de la politique de transports, un budget surtout, six millions d’euros par an minimum, pendant cinq ans. Alors que l’on redoutait un rétropédalage en 2014 avec l’élection de Jean-Luc Moudenc, favorable à l’augmentation des places de stationnement voitures dans le centre ville, le projet fut finalement reconduit en 2014 par la nouvelle municipalité et prolongé jusqu’en 2020.
Le programme comporte quatre grandes lignes : assurer une continuité des itinéraires cyclables, améliorer le stationnement, développer des services de vélos comme des locations de moyenne ou courte durée, des ateliers de réparation et des points d’information et enfin l’intermodalité.
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— Côté Toulouse (@cotetoulouse) 23 janvier 2017
À la mairie, Jacqueline Winnepenninckx-Kieser est en charge du dossier. La mission regroupe le développement de la marche à pied et des déplacements cyclables, plus qu’une simple politique de transport l’enjeu est environnemental et relève de la santé publique. Depuis 2011, plusieurs chantiers ont débuté comme l’aménagement des bords de Garonne et du Canal du Midi.
La sécurité et le stationnement comme priorités
« La question essentielle est celle de la sécurité. Ce n’est pas forcément là où il y a le plus d’aménagements que les cyclistes se sentent en sécurité, c’est là où il y a le moins de voitures », note Jacqueline Winnepenninckx-Kieser. Plus que des aménagements complémentaires sur le réseau routier, l’idée est de construire un véritable itinéraire cyclable, dit vert, qui assure des liaisons stratégiques dans la métropole. Dans cette optique, en 2017, on s’active autour du projet de voie verte d’1,7 kilomètre, le long de la rocade Arc-en-Ciel entre Tournefeuille, Toulouse et Colomiers.
Le deuxième impératif de la campagne engagée en 2011 est le stationnement et l’accueil des vélos. « À Toulouse, comme dans les autres grandes villes françaises, on ne peut pas imaginer laisser son vélo dans la rue. Nous rappelons régulièrement aux bailleurs sociaux, aux universités et aux entreprises la nécessité de proposer des locaux dédiés et des accroches-vélos pour assurer le stationnement en amont et en aval du déplacement », insiste l’élue toulousaine. Plusieurs parcs à vélo sont déjà implantés mais leur taux de fréquentation reste parfois trop faible. Au Capitole par exemple, seuls 10% des 500 places disponibles sont occupés chaque jour.
Quid de VélôToulouse ?
Non identifiable dans les chiffres présentés par l’INSEE, une part des 7% de cyclistes quotidiens sont des utilisateurs de VélôToulouse. En 2015, le service mis en place par JCDecaux comptait 29 900 abonnés, soit 6,6% de la population de la Ville rose et 2600 vélos répartis sur 283 stations. « Sur 13330 locations quotidiennes en moyenne, 60% des trajets sont effectués entre le domicile et le lieu de travail », précise Patrick Trégou, directeur régional de la société JCDecaux.
« Lorsqu’une ville s’équipe et aménage un réseau cyclable, on observe un tassement de l’utilisation des vélos en libre service »
Constat à priori paradoxal, « lorsqu’une ville s’équipe et aménage un réseau cyclable, on observe un tassement de l’utilisation des vélos en libre service », explique Jacqueline Winnepenninckx-Kieser. Convaincus de la pratique du vélo grâce au libre-service, les usagers auraient tendance à investir dans un équipement personnel.
Les courbes du dernier bilan dressé par JCDecaux semble confirmer ce raisonnement. Après quatre ans de forte croissance des abonnements annuels, la dynamique semble s’essouffler : +5,4% d’abonnés supplémentaires en 2015, contre +33% en moyenne entre 2010 et 2014. Un score en demie-teinte pour l’entreprise, qui pourrait être un marqueur, révélateur d’un changement de comportement.