Une ligne de TGV entre Bordeaux et Toulouse, l’idée n’est pas nouvelle. Alors que le TGV reliant Bordeaux à Paris sera mis en service en juillet prochain, où en est le projet dans le Sud-Ouest ? Retour sur plus de 30 ans de polémiques.

Le 28 février dernier, la ligne à grande vitesse reliant Tours à Bordeaux était inaugurée par François Hollande. Plaçant Bordeaux à 2h05 de Paris contre 3h15 actuellement, cette ligne Océane, qui accueillera ses premiers voyageurs en juillet, devrait être prolongée vers Toulouse.

Un projet balbutiant

L’idée d’une ligne à grande vitesse (LGV) qui relierait Paris à Toulouse en passant par Bordeaux est née dans les années 1980 après le succès de la ligne Paris-Lyon, qui a permis de désengorger le trafic aérien et routier.

C’est en 1991 que le projet est réellement lancé quand la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse-Narbonne est inscrite au schéma directeur des lignes à grande vitesse. Pour autant, le document ne prévoit alors aucune échéance dans la livraison de la ligne. Et après l’échec de la ligne TGV Nord reliant Paris à Lille, le projet est mis entre parenthèses.

Toulouse à trois heures de Paris

Dans les années 2000, le projet est relancé et commence même à prendre forme. Entre 2002 et 2004, l’entreprise Réseau Ferré de France (RFF) qui gère les lignes à grande vitesse, entame des études pour déterminer le tracé de la ligne Bordeaux-Toulouse. Les premiers débats avec les autorités locales ont lieu en 2005 et un an plus tard le bien fondé du projet est acté. Une ligne à grande vitesse placerait ainsi Toulouse à seulement trois heures de Paris, soit une heure de moins que sur le trajet actuel.

En 2007, soit 20 ans après l’idée d’une LGV Bordeaux-Toulouse, RFF arrête le premier tracé de la ligne. L’entreprise prévoit alors une livraison de la ligne pour 2020. Dans le même temps, les collectivités locales votent des budgets pour poursuivre les études. Au total, ce sont plus de 13 millions d’euros qui ont été investis : 5,24 millions par la Région ; 4,5 millions par la communauté d’agglomération du Grand Toulouse ; et 3,5 millions par le Conseil départemental.

Une mise en service d’ici 2024 ?

Mais avec la crise économique, au début des années 2010 l’Etat n’a plus les moyens de financer les lignes à grande vitesse. La loi Grenelle 1, votée en 2009 prévoyait la création de 2 000 kilomètres de ligne TGV pour un coût de 250 milliards d’euros.

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Cependant le 9 juillet 2013, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, confirme que la ligne Bordeaux-Toulouse reste prévue à l’horizon 2030. Mais en mars 2015, après quatre ans d’enquête, une commission rend un avis défavorable. Néanmoins, cette décision ne lie pas le gouvernement qui annonce six mois plus tard qu’il reconnaîtra l’utilité publique pour les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. En juin 2016, le Conseil d’Etat s’est prononcé en faveur du projet en validant le caractère d’utilité publique.

Alors que le quartier de la gare Matabiau est en cours de rénovation et qu’une tour devrait bientôt y être construite, Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, déclarait sur France Inter le 10 mars 2017 que « [la ligne Bordeaux Toulouse] ne se fera pas pour le moment ». Suite à cette interview, la mairie de Toulouse a lancé une pétition pour « soutenir la réalisation de la LGV, pour une mise en service d’ici 2024 ».

Simon Arrestat et Guillaume Montaron