A l’initiative de deux élèves de Sciences-Po, le Réseau des Etudiants Toulousains en Soutien aux Exilés et Réfugiés a été lancé en septembre dernier. L’occasion pour Univers-Cités de revenir sur le succès de cette initiative en marge du démantèlement de la « Jungle » de Calais.
21 octobre 2016. Le démantèlement de Calais commençait. C’est en tout 6400 personnes qui ont été évacuées vers 280 lieux d’accueil dans toute la France. En Occitanie, c’est 1080 migrants qui sont attendus dont 172 pour la seule ville de Toulouse.
C’est dans ce contexte que Marion Huot et Valentin Bonnefoy, étudiants de Sciences-Po Toulouse, ont décidé de créer le Réseau des Etudiants Toulousains en Soutien aux Exilés et Réfugiés (RETSER). Ils ont même pris les devants par rapport au début de l’évacuation de la « Jungle ». Le réseau a en effet été lancé fin septembre.
« Nous avons pensé à cette création face à l’urgence pressante de sensibiliser différents publics, principalement celui des étudiants toulousains, sur le démantèlement imminent du bidonville de Calais. Je refuse d’appeler ça une « Jungle » étant donné qu’il ressemblait à un véritable bidonville et que c’est un terme insultant pour les personnes qui vivaient dans cet endroit« , explique Valentin.
Plus encore, les deux Sciences-Pistes espèrent susciter « un engagement personnel au niveau local« . Ils insistent aussi sur le fait que la situation des migrants sera un enjeu majeur lors de la prochaine campagne présidentielle.
De nombreuses actions déjà menées
Depuis sa création, le RETSER a déjà mené plusieurs actions qui ont rencontré un écho favorable. D’abord mi-octobre, ses membres ont organisé une conférence intitulée « De Calais à Toulouse: les enjeux de l’accueil des réfugiés ». Parmi les intervenants, on retrouvait les deux fondateurs du réseau, Flor Tercero (présidente de l’association des Avocats pour la défense des droits étrangers (ADDE)), deux membres de Refugee Info Bus qui étaient en direct depuis Calais, et un réfugié syrien qui a lui-même passé 5 mois dans le Nord.
« La conférence a eu un succès certain puisque plus de 200 participants devaient venir et 500 personnes étaient intéressées sur facebook en moins d’une semaine. Nous avons dû malheureusement limiter l’accès à la conférence aux étudiants de l’IEP et 20 personnes extérieures en raison des conditions de sécurité à Sciences-Po« , continue Valentin Bonnefoy.
Dans le même temps que l’orgnisation de cette conférence, les étudiants du réseau ont récolté des vêtements pendant deux jours. Ils ont pu remplir une cave entière ! Une partie des dons était destinée à 70 familles logées dans le centre de Purpan. La deuxième moitié a été emmenée par les membres du réseau RETSER à Calais sous l’impulsion de Paul-Malo Winsback. 15 étudiants se sont rendus dans la ville, fin octobre pendant 5 jours, après que le démantèlement fut terminé. Ils ont pu travailler avec les associations de l’Auberge des Migrants et Help Refugees. Ils ont notamment aidé au tri des dons dans leurs entrepôts. Ce dimanche 20 novembre, ils orgnisent des tournois de football et de cricket avec des réfugiés venus d’Afghanistan.
Parallèlement à ces actions ponctuelles, les étudiants mènent des actions sur le plus long terme. Ils travaillent par exemple en collaboration avec l’ADDE. Coordonnées par Lucile Noguès, des recherches sur les situations géopolitiques des pays d’origine des clients des avocats sont effectuées. Le but est simple: aider les juristes à construire leurs argumentations sur des faits précis. Les membres du réseau veulent aussi mettre en place des cours de français dans deux centres d’accueil et d’orientation et au centre Purpan.
Une antenne crée au Mirail
Valentin Bonnefoy le reconnaît lui-même, il a été surpris par l’engouement rapide autour du RETSER.
« Une première réunion a été faite début octobre mobilisant une trentaine de personnes. Nombreux sont ceux qui ont rejoint la page facebook, la semaine qui a suivi. En fait plus vite que ce à quoi nous nous attendions. C’est pourquoi nous avons décidé de limiter le réseau à l’IEP le premier mois. Mais l’objectif même du RETSER est bien de s’étendre le plus possible« , confie l’étudiant en cinquième année.
Une partie de cet objectif a été atteint. Il y a deux semaines une antenne du réseau a ouverte à l’Université du Mirail. Emmenée par Bastien Roig, une réunion de présentation du RETSER était organisée au Mirail le mercredi 16 novembre pour continuer à l’agrandir. Ce sont 90 nouvelles personnes qui ont l’ont rejoint à l’issue de cette présentation. Le réseau compte déjà en son sein des élèves des diffèrentes années de Sciences-Po Toulouse, et en majorité des étudiants en psychologie et communication interculturelle à l’Université Jean-Jaurès. Reste à savoir s’il continuera toujours à s’étendre. Pour l’heure, les membres du réseau se réjouissent. Une initiative similaire est en train de se mettre en place dans une université bordelaise. Le RETSER a même reçu des retours d’étudiants de Madrid et Barcelone. De quoi rêver à une solidarité transnationale étudiante pour les exilés et réfugiés…