Le cinéma ABC fête cette année son demi-siècle d’existence. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu culturel emblématique de la Ville rose.

Il y a cinquante ans, l’ABC s’installait dans le quartier Saint-Sernin. © Salvatore Infantino

Au numéro 13 de la rue Saint-Bernard, le plus ancien cinéma toulousain vient de passer le cap de la cinquantaine. En 1966, le cinéma ABC était racheté par l’association du Ciné Club de la Jeunesse Toulousaine.

Prénommé l’Olympia lors de sa création dans les années 1930, le cinéma prend le nom d’ABC à partir des années 1930. Au départ, les séances sont organisées dans différents cinémas de Toulouse, au Rex et dans la Salle Montaigne. L’histoire de ce patronyme, composé des trois premières lettres de l’alphabet, est entourée d’une aura de mystère. Selon Buny Gallorini, programmatrice et directrice du cinéma, deux légendes entourent ce choix.

« Le nom ABC permettait d’apparaître en haut sur les affiches, où l’on voyait l’ensemble de la programmation des cinéma de la ville, et donc d’avoir sans doute plus de visibilité. On raconte aussi qu’à l’époque, les néons coûtaient chers. Les enseignes étaient payées à la lettre, n’en avoir que trois diminuait les dépenses. »

Une époque où le cinéma était roi

La grande salle du Cinéma ABC avait été détruite en 1975. © Dario Sajeva

Dans les années 1960, la salle obscure de la rue Saint-Bernard n’est pas épargnée par une période de crise qui touche le monde du cinéma. « Il y a eu un avant, à une époque où le cinéma n’avait pas de concurrent comme la télévision » explique Buny Gallorini. La sortie récréative et populaire au cinéma du week-end cède peu à peu la place à un public art et essai, qui vient voir des films à toute heure de la journée. Contraint de fermer ses portes, le cinéma est racheté en 1966 par le Ciné-Club de la Jeunesse Toulousaine, qui l’installe dans ses locaux actuels.

« En 1975, la grande salle a été détruite pour en faire trois petites, dans l’esprit des années 1970, où les grandes salles de cinéma se sont divisées en petits espaces », explique la programmatrice. Avec la montée en puissance des multiplexes au début des années 2000, l’ABC entre dans une période de difficultés. La vétusté du bâtiment nécessite la fermeture du cinéma pour entreprendre de grands travaux.

« Nous n’en avions pas les moyens financiers, mais la région et le département ont aidé le cinéma en finançant la moitié des travaux » note la directrice de l’ABC, avant d’ajouter, « le cinéma a réouvert en 2009 et depuis nous allons bien ! »

« Un peu plus accueillant que des bornes automatiques »

Avec une programmation différente des multiplexes, l’ABC insiste sur la diversité des films proposés ainsi que sur son aspect convivial. « On essaye d’être un peu plus accueillants que des bornes automatiques sur lesquelles vous réservez vos tickets sans parler à personne ! » s’exclame la programmatrice. Ainsi, l’ABC accueille régulièrement différents festivals, comme Les rencontres du cinéma italien à Toulouse organisées en décembre dernier.

En cinquante ans d’existence, les missions du Ciné-Club n’ont pas changé d’un iota : promouvoir la diversité culturelle et partager des moments de rencontre avec le jeune public sont restées ses constantes. Tout en évoluant avec son temps comme il l’a fait ces cinquante dernières années, le cinéma indépendant compte bien continuer dans cette voie. « Je ne pense pas qu’on devienne un lieu de consommation de pop corn avec des machines » conclut dans un sourire la directrice de l’ABC.