Le dossier Val Tolosa a connu un nouveau rebondissement, la semaine dernière, avec la nomination d’un médiateur par l’Elysée. Une décision qui ne ravit pas les opposants au projet, dont l’avis a une nouvelle fois été ignoré.

Sujet de tensions locales, Val Tolosa serait-il en train d’attirer l’attention des plus hautes autorités de l’Etat ? Les dernières évolutions concernant ce dossier épineux tendent à le montrer. Mercredi 13 janvier, à l’issue d’une réunion organisée à l’Elysée, un médiateur a été nommé afin de faciliter les discussions et d’accélérer la réalisation du projet.

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Lancé en 2005, Val Tolosa est un centre commercial qui devrait voir le jour en 2018 sur le plateau de la Ménude, à Plaisance-du-Touch (ouest de l’agglomération toulousaine). S’étendant sur plus de 60 000 m2 et générant 350 millions d’euros d’investissement, cette infrastructure est pilotée par le promoteur Unibail-Rodamco. La mairie de Plaisance, principal partisan du futur centre commercial, met en avant la création d’environ 2000 emplois, ainsi que d’importantes retombées fiscales. Ses détracteurs déplorent en revanche l’inutilité d’un tel investissement, dangereux pour les petits commerçants et risquant d’aggraver la saturation automobile dans ce secteur.

« Un déni de démocratie et du droit »

Fait qui n’incite pas à un apaisement des relations, le recours à un médiateur dans ce dossier a eu lieu alors qu’une importante décision de justice devait être rendue. En effet, la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux s’apprêtait à statuer au sujet du permis de construire du projet. Pour l’association « Non à Val Tolosa », ce hasard du calendrier n’en est pas un. « Selon notre avocate, qui avait eu accès aux conclusions du rapporteur, nous avions de réelles chances que la Cour nous donne raison, affirme Jutta Dumas, présidente du collectif. Malheureusement, cette audience a été annulée et, dans la foulée, nous avons appris que l’Elysée avait imposé une médiation. Drôle de coïncidence, non ? » Avant d’ajouter : « Cela fait dix ans que nous nous opposons à ce projet, et nous n’avons même pas été conviés à la table des négociations ! Cette médiation est compromise dès le départ, on ne nous a même pas demandé notre avis. C’est à la fois un déni de la démocratie et du droit. »

D’une manière plus générale, les opposants à Val Tolosa regrettent de n’être jamais pris en considération par les autorités publiques. « Mis à part quelques enquêtes publiques portant sur des sujets précis, il n’y a jamais eu de véritable débat citoyen à ce sujet, poursuit Jutta Dumas. Val Tolosa, c’est le résultat d’une décision unilatérale de la municipalité plaisançoise, qui n’a pas cherché la discussion et la confrontation des points de vue. M. Escoula (maire PS de Plaisance-du-Touch, ndlr) affirme que sa réélection justifie la réalisation du centre commercial, mais c’est trop facile de réduire le choix des électeurs à ce seul élément. »

Vers la constitution d’une ZAD ?

qvloz3uu_400x400-3.pngContactée par nos soins, l’association « Oui à Val Tolosa » (présidée par Philippe Guyot, adjoint au maire de Plaisance) souhaite garder le silence tant que durera la médiation. Sans pour autant être résigné, le collectif défendant l’abandon pur et simple du projet semble, quant à lui, quelque peu désabusé. « L’intervention de l’Etat aurait été justifiée s’il s’était agi de s’opposer au géant du CAC 40 qu’est Unibail, relève la présidente de « Non à Val Tolosa ». Or, ce n’est pas le cas. Que cherchent les autorités publiques en nous coupant les voies légales et politiques ? Veulent-elles que l’on s’organise en ZAD (zone à défendre, ndlr) ? J’espère encore que nos élus locaux sauront trouver une solution avant d’en arriver là. » Les regards de Jutta Dumas et des membres du collectif sont notamment tournés vers le Conseil départemental. Responsable des travaux de voirie, la collectivité avait émis en octobre dernier, par la voix du groupe majoritaire « Socialiste, Radical et Progressiste », de sérieuses réserves vis-à-vis d’un projet d’une telle ampleur.