En s’inclinant face à Montpellier le week-end dernier, le Stade Toulousain a quitté la compétition européenne par la petite porte, dès les phases de poule. Si on ajoute à cela une septième place en championnat, le bilan semble bien morose… comme le moral des supporters ?

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Habituée aux finales, aux coupes et aux bains de foule, l’équipe de rugby toulousaine en a-t-elle fini avec son heure de gloire ? Depuis la saison dernière déjà, les signes de faiblesse se multiplient. En 2014, les rouges et noirs ont fini quatrièmes du championnat ce qui n’était pas arrivé depuis 1993. Cette année, un résultat alors jugé décevant apparaîtrait plutôt comme un scénario positif… Avec huit défaites au compteur, soit déjà deux de plus que sur l’ensemble de la saison régulière 2011-2012 et une septième place de mauvaise augure, le Stade Toulousain inquiète-t-il ses supporters ?

Des supporters critiques qui veulent garder espoir

Dans une terre de rugby comme l’est Toulouse, il n’est pas étonnant que ces résultats pour le moins mitigés soient sur toutes les lèvres. Si certains connaisseurs pointent du doigt des « erreurs de recrutement » sur les deux dernières saisons ou encore un « immobilisme du staff », la majorité des supporters de l’équipe veulent rester confiants. Pour beaucoup, l’essentiel est toujours là : un staff expérimenté qui a offert au club des résultats exceptionnels, des joueurs de qualité, ne manque plus que la petite étincelle qui rendra aux rouges et noirs leur magie d’antan. Plus de cohésion entre les joueurs, une période de remise en question : les solutions avancées ne manquent pas mais tous les fans le connaissent, la pilule est dure à avaler après des années fastes durant lesquelles le stade a dominé les autres équipes

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« On a mangé du pain blanc, il faut bien manger du pain noir »

Un constat partagé par Jean-Maurice Gat qui préside l’Amicale des Supporters du Stade Toulousain « c’est toujours plus dur d’accepter la défaite quand on est habitué à la victoire ». S’il reste positif sur l’avenir du club, mettant en avant une hausse de niveau des autres équipes du Top 14 plutôt qu’un problème interne, il reconnait à demi-mot que ces résultats discutables ont une incidence sur la motivation des supporters. En deux ans, l’amicale a perdu plus d’une trentaine d’adhérents et les tribunes sont de moins en moins remplies. Les matchs à guichet fermé appartiennent au passé et la hausse des prix des places n’est pas faite pour encourager les supporters les plus modestes à assister aux rencontres.

Au final, cette baisse d’engouement met surtout en lumière un problème de fond selon Jean-Marc Arnaud, président du Huit, club par excellence des supporters du Stade Toulousain. « Avant dans les tribunes, on avait des supporters. Maintenant on a aussi des spectateurs, qui viennent voir jouer des vedettes et s’attendent toujours à ce que ce soit du grand spectacle ». Alors forcément, en période de baisse de régime, ces spectateurs exigeants ont tendance à déserter les stades. Rien d’alarmant cependant puisque « c’est dans les moments de crise qu’on retrouve les vrais supporters ». Pour résumer, le nombre de supporters baisse mais ce sont les meilleurs qui restent et, à l’image de Jean-Marc Arnaud, ils ont bien compris qu’après avoir « mangé du pain blanc, il faut bien manger du pain noir ».

Un mal pour un bien ?

En comparant tous ces témoignages, un bilan semble s’imposer : il est trop tôt pour perdre espoir et parler de saison catastrophe. C’est là toute la magie du sport, les supporters sont bien décidés à ne pas lâcher leur équipe à la première difficulté et c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait. L’élimination de la Coupe d’Europe ? Il fallait bien que ça arrive un jour et cela va peut-être permettre de « se recentrer sur le top 14 ». La victoire en championnat nationale, les fans des rouges et noirs y croient encore. Nous verrons si le match « de la dernière chance » face à Castres ce samedi à 20h45 leur donnera raison.

Manon Poirier