De gauche à droite : Virginie Rozière (PS), Robert Rochefort (UDI-MoDem), José Bové (EELV), Michèle Alliot-Marie (UMP) et Louis Aliot (FN)
Cinq têtes de listes de la circonscription Sud-Ouest se sont donné rendez-vous à l’occasion du Forum Economique du Grand Sud, le 8 avril. Elargissement, traité transatlantique et énergie nucléaire ont été abordés par Louis Aliot (FN), Michèle Alliot-Marie (UMP), José Bové (EELV), Robert Rochefort (MoDem-UDI) et Virginie Rozière (PS-PRG). Ils répondaient aux questions d’étudiants des grandes écoles toulousaines. « Univers-Cités » vous propose une retranscription des meilleurs moments de ce débat.

Jusqu’où poursuivre l’élargissement de l’UE ?
Louis Aliot : « Nous sommes contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, et plus généralement contre tout élargissement. Des pays comme la Bosnie ou la Serbie pourraient poser des problèmes s’ils venaient à entrer dans l’UE. Car nous disposerions de moins en moins de fonds européens pour un nombre croissant d’Etats membres ».
Virginie Rozière : « Le problème est principalement celui du respect des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales. L’Europe devrait être plus intransigeante à ce sujet. Je pense notamment à la Hongrie, qui bafoue sans cesse les principes de la Convention européenne des droits de l’Homme. Les valeurs humanistes de l’Europe devraient devenir de véritables critères d’adhésion incompressibles ».
Robert Rochefort : « Pour les pays des Balkans, la simple perspective de rentrer dans l’UE leur empêche de se refaire la guerre. On ne doit donc pas abandonner tout nouvel élargissement. Cependant, l’approfondissement reste une priorité. La coopération par râteaux dans laquelle nous sommes aujourd’hui doit être régularisée pour plus de clarté et pour simplifier les processus de décision ».

Le projet de traité transatlantique entre l’UE et les Etats-Unis fait polémique depuis plusieurs mois. Soutenez-vous cette initiative ?
José Bové : « Ce traité est dangereux pour l’ensemble de l’Europe. Une mesure centrale du projet l’illustre bien : une entreprise pourra attaquer un Etat membre si elle estime que les intérêts de ses actionnaires sont menacés par une décision du gouvernement de cet Etat. Imaginez ainsi comment les compagnies gazières pourront user de cette mesure contre des pays qui interdisent la fracturation hydraulique ».
Virginie Rozière : « Dans le projet présenté par la Commission, un tribunal arbitral pourrait sanctionner un Etat qui ne respecterait pas les dispositions du traité transatlantique. Une telle mise en place serait une catastrophe ».
Michèle Alliot-Marie : « La règle de la réciprocité doit être respectée, en termes d’ouverture au marché européen et américain pour les entreprises des deux continents. Actuellement, ce n’est pas le cas. Le marché européen est à 80% ouvert tandis que le marché américain ne l’est qu’à 45%.
Robert Rochefort : « Le Parti Populaire Européen (PPE) et les Socialistes et Démocrates (S&D) ont donné à la Commission le mandat de négocier ce traité avec les Américains. Ces députés doivent maintenant en assumer les conséquences, et expliquer comment nous pouvons lier un accord commercial global avec un pays qui a des conceptions opposées aux nôtres, en termes d’alimentation notamment ».

L’Allemagne a annoncé pouvoir sortir du nucléaire en 2020, et a engagé des politiques en la faveur. Est-ce logique de sortir seul de cette énergie ?
Louis Aliot : « Sortir du nucléaire, c’est revenir au tout charbon. Cela n’a aucun sens, avec les objectifs relatifs aux énergies renouvelables et aux rejets de CO2. Nous plaidons de notre côté pour un renforcement des investissements en matière de recherche et d’innovation nucléaire, afin de rendre cette énergie plus viable et plus propre ».
Michèle Alliot-Marie : « La priorité est d’être indépendant énergétiquement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, avec le gaz russe notamment. L’énergie est une politique que nous devons construire en commun. Nous devons notamment avoir des programmes de recherche commun sur les biocarburants, et sur un nucléaire ayant de moins en moins de déchets ».
José Bové : « Il nous faut un programme commun pour l’énergie à l’échelle européenne. Il doit constituer dans un triptyque : la lutte contre le gaspillage, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ».

Les écologistes plaident pour plus de transparence dans les instances européennes

Interrogé au sujet du poids des lobbys dans l’activité des institutions communautaires, José Bové a monopolisé la parole pour ce qui constitue un des combats phares du député écologiste. Critiquant des activités qui « empoisonnent le travail du Parlement et de la Commission », son groupe parlementaire cherche à faire inscrire l’ensemble des lobbys sur une liste officielle et consultable par tout citoyen, ainsi qu’à faire paraître sur Internet une retranscription complète des rencontres réunissant eurodéputés et lobbyistes.