Partir pour réussir. Depuis quelques années, sondages et études indiquent que la jeunesse française ne croit plus à son avenir. Elle redoute l’arrivée sur le marché du travail et pour beaucoup, l’exil apparaît comme la solution à la morosité française.

Dans l’esprit des jeunes diplômés, bon nombre de pays font figure d’Eldorado, leur permettant de vivre une vie dynamique et moderne. Un cadre de vie que la France en crise ne leur assure plus, selon eux.

Chiffres à l’appui

Elle est bien loin la « Douce France » de Charles Trenet. Aujourd’hui, les jeunes redoutent l’arrivée sur le marché du travail. Selon une étude réalisée par France Télévisions  en février, auprès de 210 000 jeunes âgés de 18 à 34 ans, 70 % d’entre eux considèrent que la France ne leur offre pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables. Ils sont alors nombreux à regarder hors des frontières de l’Hexagone. L’avenir est ailleurs.
27 % des jeunes Français diplômés qui recherchent un emploi disent envisager leur avenir professionnel à l’étranger, selon une étude du cabinet Deloitte menée en janvier 2014. Un chiffre constant par rapport à 2013, mais en hausse par rapport à 2012, où ils n’étaient que 13% à imaginer quitter la France.

Partir où et pourquoi ?

Après sa cérémonie de remise de diplôme, l’étudiant français ne se pose plus qu’une question : trouver du travail. Or la situation économique et sociale n’est pas au beau fixe. Et la peur du chômage ou de l’enchaînement de contrats précaires se retrouve dans toutes les têtes. Un sondage commandé par TF1 montre par exemple qu’une majorité des personnes interrogées (58 %) estime peu élevées ses chances de trouver un travail dans les six mois, les plus pessimistes se trouvant en province (62 %).
Toujours dans l’étude du cabinet Deloitte, on trouve les principaux motifs qui incitent les jeunes Français à partir tenter leur chance à l’étranger. Arrive en tête l’état du marché de l’emploi, suivi de l’environnement politique et social, de l’état de l’économie, des perspectives de carrière insatisfaisantes et enfin de la qualité de vie insatisfaisante.
Par souci de langue et de culture, ce sont traditionnellement les pays anglophones qui attirent le plus. En tête, le Canada, suivi des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie. Presque la moitié de ces jeunes diplômés s’y voit y rester entre un et cinq ans, et près d’un tiers ne jamais revenir dans l’Hexagone. Cependant, les puissances émergentes que sont la Chine ou encore le Quatar accueillent de plus en plus de jeunes Français.
Une dépréciation de la vie en France et de la valeur des diplômes français qui a une autre conséquence. Ils sont de plus en plus nombreux à arrêter leurs études pour partir tenter leur chance le plus rapidement possible à l’étranger et profiter des perspectives professionnelles et humaines qu’offrent les pays cités plus haut.
Enfin, ce phénomène met en lumière une autre frange de la population. Les jeunes issus de milieux défavorisés qui ne peuvent se permettre le luxe de partir à l’étranger. Leur situation est bien plus inquiétante et reflète parfaitement un avenir qui s’assombrit pour la jeunesse française.