Les étudiants désireux d’en apprendre plus sur l’occitan peuvent aller à l’université du Mirail. De la première année de licence au master, le cursus d’occitan recouvre toute la palette de la formation. Des élèves de tous les niveaux y sont accueillis.

Dans ce cours de licence en littérature occitane, la salle compte moins d’une dizaine d’étudiants. Cependant, les élèves ont des niveaux très variables en langue occitane. Ces différences sont le reflet de motivations distinctes. «Je ne savais pas parler occitan avant de venir dans ce cours. J’y suis allée pour découvrir une autre langue, par curiosité» explique Carine.

L’occitan attire aussi des curieux venus d’autres pays. «Je suis des études de linguistique et j’avais déjà entendu que d’autres langues existaient dans le sud de la France que celle parlée officiellement. J’avais envie de voir à quoi cela pouvait ressembler» commente Giorgio, un étudiant Erasmus italien de 23 ans. Et l’apprentissage de cette langue semble presque plus facile pour lui que celle du français. «Au bout de trois mois d’apprentissage, je commence à remarquer qu’il y a plus de mots, de formules semblables entre l’occitan et l’italien qu’avec le français» note-il.

Cet intérêt des étudiants pour l’occitan se traduit par une volonté de l’installer de façon plus notable dans la vie de tous les jours. «Certains trouvent qu’installer la vie occitane sur les plaques de rue ou dans le métro c’est un peu artificiel. Je trouve cela important car ça permet de se rappeler de façon quotidienne que l’on vit dans une région occitane.» déclare Carine.

Les risques du carcan traditionaliste pour l’occitan

Joëlle Gineste, professeur d’occitan à l’université du Mirail, souligne les récente mesures qui ont été prises pour installer l’occitan dans le paysage local. Le dialogue avec les politiques est bon selon elle : «Des actions sont réalisées pour diffuser cette culture occitane et les hommes politiques répondent présents. Et ce, quelle que soit leur appartenance politique».

Ce retour à la mode récent de l’occitan recouvre des enjeux économiques aussi. «Cela permet de créer une identité régionale. Au niveau touristique, c’est très bon pour l’image. Les gens recherchent de plus en plus le côté authentique quand ils partent en voyage. L’occitan s’inscrit dans cette ligne pour eux».

L’enseignante souligne cependant les risques de vouloir enfermer cette culture dans un passé perdu. «Ce côté authentique est à double tranchant. Elle permet de vendre l’occitan auprès du grand public mais l’enferme dans une fausse image vieillotte. La vision d’un côté «rural», dans le plus mauvais sens du terme, est prégnante». Cette culture peut aussi faire l’objet de récupération politique : «Le côté traditionnel est aussi dérangeant dans le fait que certains partis politiques seraient tentés de se l’approprier à des fins électoralistes».

Des amphithéâtres qui se vident

Pour sortir l’occitan de cette ornière traditionaliste, il faut que la jeune génération porte cette culture dans toute sa modernité. Cependant, en moins de dix ans, les effectifs d’étudiants à l’université du Mirail ont baissé d’un tiers. «Une des principales raisons de cette chute est la diminution des places au CAPES d’occitan. De 20 places, on est passé à 4 » confie l’enseignante. Si les débouchés se rétrécissent dans l’éducation, les élèves peuvent quand même garder espoir : le milieu associatif est en recherche d’étudiants formés à la culture occitane. L’avenir de l’occitanisme se situe peut-être là.