Être étudiant et avoir un pied dans la vie active ? Certains le font par nécessité avec un job étudiant, d’autres en cumulant les stages, ou encore en faisant partie d’une Junior-Entreprise (JE). Passerelles entre deux mondes, celui de l’entreprise et des études, les JE sont devenues un véritable phénomène depuis plusieurs années. Au départ dans les grandes écoles, le mouvement s’invite maintenant dans les universités. Focus à Toulouse sur Escadrille de l’ESC, Interface de Sciences Po et Upsilon de Paul-Sabatier.

L'équipe d'Interface
L’équipe de la Junior-Entreprise Interface

Une Junior-Entreprise est une association à vocation économique et pédagogique, à but non lucratif. Implantée au sein d’une école ou d’une université, elle permet aux étudiants de réaliser des études correspondant aux domaines de compétences de leur école, pour des clients très variés”, résume Eléonore Rime, présidente d’Interface. Créée en 2008, Interface avait d’abord vocation à favoriser les rencontres entre diplômés et étudiants de l’IEP afin de leur permettre une meilleure appréhension du monde entrepreneurial. Mais en 2011, l’association prend un tournant et décide de devenir un Junior-Création. Un an après, elle est labellisée “Pépinière Junior-Entreprise”, véritable petit vivier de consultants, dernier stade avant de devenir une authentique JE.

Pour Escadrille, ce statut a été obtenu depuis longtemps. Il faut dire que l’association existe depuis 1978 et que son chiffre d’affaire est de 150 000 euros par an. Meilleure Junior-Entreprise de France pour l’année 2011-2012, label Entrepreneur deux années consécutives, Escadrille multiplie les prix lui permettant de travailler pour de grandes enseignes comme Veolia, la SNCF ou encore Macdonald. “Ce qu’ils aiment chez nous c’est la flexibilité et la rapidité”, explique Anthony Rivarès, président. Avec des prix attractifs, jusqu’à une dizaine de fois moins chers qu’un cabinet de consulting, les JE attirent les entreprises et notamment les plus petites structures. Celles-ci sont notamment la cible d’Interface : “ Nous voulons nous adresser aussi bien aux petites et moyennes collectivités, qu’aux porteurs de projets, aux TPE et PME”, explique Eléonore Rime.

Grande école vs université ?

Pour être labellisé, il existe “ce fameux passage de marque”. Il découle de tout un acheminement complexe qui permettra “d’offrir des propositions de conseil les plus efficientes possibles en augmentant ainsi la renommée du diplôme de Sciences Po Toulouse et les compétences des étudiants”, espère Eléonore Rime. Les JE ne sont pourtant pas restreintes au seul cercle des grandes écoles comme on pourrait le penser.

Passage de marque également pour Upsilon dès la rentrée, une manière de faire rayonner l’Université Paul-Sabatier dans laquelle elle a été créée en 2011. “Ce projet permet également de montrer aux entreprises du bassin toulousain que les étudiants provenant de l’Université sont au moins tout aussi compétents que ceux provenant d’écoles supérieures de commerce ou d’ingénieur”, explique son président Guillaume Baleynaud. Leur point commun : une certaine indépendance par rapport à leur structure étudiante puisque les JE sont entièrement dirigées par les étudiants. Peut-être une manière de pallier au manque de professionnalisation des écoles et universités. Ce qui est sûr, c’est que devenir une JE suppose une véritable pérennité, un bon fonctionnement et une trésorerie irréprochable, une mission d’autant plus difficile que les membres de ces deux associations sont – et il est important de le rappeler – des étudiants avec leur lot d’examens et parfois un manque d’expérience.

Juste une ligne de plus sur le CV ?

Ils insistent : les membres du bureau sont des bénévoles et n’ont pas droit à rémunération, comme pourrait le sous-entendre le nom de Junior-Entreprise. S’ils ne font pas cela pour l’argent, ils trouvent leur compte dans une multitude de compétences qu’ils acquièrent. “C’est une expérience unique à notre âge où on met en pratique ce que l’on apprend en cours, dans un fonctionnement similaire à celui d’une entreprise”, selon Anthony Rivarès.

Etre présidente d’une telle association prend beaucoup de temps, beaucoup d’énergie et de travail : il faut être prêt à se donner à 200% et c’est assez intense”, résume Eléonore Rime. Une expérience qui se veut également humaine. “Le travail d’équipe est au cœur de notre quotidien. J’aime beaucoup le fait d’avoir un avant goût de ce qui nous attend dans le monde professionnel« , renchérit Charlotte Douillet, secrétaire générale d’Interface. Enfin, pour Guillaume Baleynaud, dont le mandat s’est achevé il y a quelques jours, “ce sont des compétences en terme de gestion de projet, de management d’équipe, de prise de parole en public et d’organisation” qu’il a perfectionné et qui lui permettront d’être plus efficace lorsqu’il rentrera réellement sur le marché du travail. D’autant plus que l’avenir des JE s’annonce plutôt prometteur. “Elles sont une arme contre la crise dans le sens où elles sont à la fois fortement concurrentielles et performantes”, conclut le président d’Upsilon.