Devenir son propre patron c’est à la portée de tous. Il suffit de se lancer en tant qu’auto-entrepreneur. Un statut qui fascine autant qu’il inquiète. Quelles sont les possibilités, y’a-t-il des risques ? « Univers-Cités » se penche sur ce phénomène.

Le statut d’auto-entrepreneur a été créé en 2008 pour aider à la création de petites entreprises, ou de son propre emploi, notamment dans la branche internet. Puis le succès de la formule s’est retrouvé dans les autres secteurs, jusqu’à ce que les auto-entrepreneurs représentent chaque année plus de la moitié des créateurs d’entreprise.
Le but est de simplifier l’accès à l’entreprenariat, avec notamment moins de charges à payer et des procédures plus rapides quand il s’agit de créer ou de suspendre une activité. Ce qui convient parfaitement aux jeunes pas toujours certains de leur avenir professionnel.
Alban travaille dans l’immobilier et il s’est récemment lancé en tant qu’auto-entrepreneur : « Pour les jeunes ça peut permettre de gagner plus parfois, mais on prend des risques. Après, c’est sûr que les banques préfèrent les salariés qui ont un revenu plus stable mais ça peut permettre de se lancer. »

En effet, la stabilité n’est pas ce qui caractérise au mieux les auto-entrepreneurs, et il est difficile de vivre de ce régime. D’après l’INSEE, 90% des auto-entrepreneurs gagnent moins que le Smic, ce qui fait qu’il s’agit souvent d’une activité d’appoint, en plus d’un statut de salarié.

Madeline a créé l’Atelier Décos en tant qu’auto-entrepreneur, mais elle voit ça avant tout comme une passion : « Le statut permet de faire le métier de nos rêves, et ce sans empêcher d’avoir un emploi fixe à côté. Mais en vivre toute sa vie c’est plutôt rare. »

Droit à entreprendre contre auto-aliénation

Pourtant, les auto-entrepreneurs sont critiqués dans d’autres sphères. Notamment par les artisans qui y voient une concurrence dérégulée. Plus généralement, certains chercheurs comme le syndicaliste Jean-Christophe Le Duigou critiquent une déviance du système capitaliste. Le statut d’auto-entrepreneur permettrait à des entreprises de forcer leurs salariés à s’établir à leur compte afin de faire appel à eux en tant que sous-traitants. Ceci afin de permettre plus de flexibilité. Le Duigou parle d’auto-aliénation de l’auto-entrepreneur.

Face à ces critiques, la Fédération des auto-entrepreneurs (Fedea) a publié un livre blanc contenant certaines propositions de mesures pour faciliter et renforcer le statut. La Fédération défend le droit à entreprendre et souhaite interpeller les gouvernants sur l’intérêt social et économique d’un tel statut.