Un cortège d’étudiants, majoritairement du Mirail, a battu le pavé sous la pluie au côté des salariés le mardi 15 octobre. Ils se mobilisaient contre la réforme des retraites annoncée cet été par le gouvernement. Mais aussi contre la dégradation des conditions d’étude dans l’enseignement supérieur.

Pour beaucoup des étudiants présents, le constat est partagé. La situation des jeunes est marquée par « un chômage de masse et une durée d’études qui s’allonge », selon Léon, étudiant à l’Arsenal et militant à l’Union des étudiants communistes. Avec une réforme qui augmente le nombre d’annuités à 43 pour un départ en retraite à taux plein et une entrée moyenne dans la vie active avec un emploi stable à 27 ans, l’âge de départ à taux plein est repoussé à 70 ans. Avec quelles conséquences ? Pour le jeune communiste, « les retraites vont se réduire à peau de chagrin. Les gens vont avoir recours à des complémentaires privées qui coûtent très cher ».

La retraite, une préoccupation dès maintenant

A Toulouse, s’est monté un collectif « Retraites, une affaire de jeunes », réunissant organisations politiques et syndicales de jeunes (Unef, Jeunes Communistes, Nouveau Parti Anticapitaliste). « Ce n’est pas parce que c’est demain que nous ne sommes pas concernés » souligne Justine, membre de l’Unef.

Pour Camille, étudiante à Sciences Po, il y a une double peine pour les jeunes femmes : « le recul de l’âge de la retraite renforce les inégalités professionnelles ». En effet, l’écart de salaires entre hommes et femmes est de 27%, écart qui atteint 42% pour les retraites. En cause, « les carrières morcelées, les contrats à temps partiel », largement répandus chez les femmes qui travaillent, note la militante féministe,

« Il y a moins de moyens pour les facs »

Des étudiants aussi présents pour protester contre la dégradation des conditions d’étude. Une assemblée générale au Mirail qui a réuni environ 200 étudiants a ainsi pris position contre la réforme des retraites et la loi Fioraso, du nom de la ministre de l’Enseignement supérieur. Ces étudiants formaient un cortège contre « deux lois qui attaquent leurs droits sociaux » selon Mats, étudiant au Mirail et militant à Solidaires Étudiant-es. Pour lui, « la loi Fioraso implique le financement autonome des universités, donc les intérêts privés vont déterminer l’éducation supérieure et nos conditions d’études en les précarisant. Il y a moins de moyens pour les facs ».
« L’université et la retraite sont historiquement des espaces d’émancipation non-marchands, aujourd’hui attaqués par des réformes néolibérales » résume Thibaud, étudiant membre de Solidaires Étudiant-es.

La liste est longue des dysfonctionnements rencontrés dans les universités : salles saturées au Mirail, manque de places en cités universitaires, suppressions de filières et des rattrapages à l’université Paul-Sabatier, budgets à la baisse… Autant de griefs qui ont vu se mobiliser début octobre les facultés de Montpellier et de Béziers dont le fonctionnement était menacé par manque de moyens économiques.

Que ce soient les retraites et l’emploi ou les conditions d’études, les étudiants et les jeunes présents ce mardi 15 octobre se mobilisent contre un présent qu’ils condamnent comme précaire et un avenir qu’ils jugent incertain.