On entend souvent parler de l’étudiant moyen comme quelqu’un de désintéressé, éloigné des considérations politiques. Pourtant, entre le milieu associatif, les syndicats et les partis politiques, les étudiants ont de nombreuses structures pour mettre en avant leur côté engagé.

Entre les cours, un éventuel travail à temps partiel et les sorties du jeudi soir, l’emploi du temps d’un(e) étudiant(e) est pourtant relativement rempli. Un engagement dans une quelconque organisation n’est donc pas une décision qui se prend à la légère, et demande une certaine motivation. Pour Laurent, membre actif de l’UNEF à Sciences-Po Toulouse depuis deux ans, c’est une sorte d’éveil politique qui l’a conduit à se mobiliser : « Il y avait des choses qui m’indignaient spontanément mais je ne voyais pas trop quoi faire pour les faire changer (…) alors j’ai commencé par hasard par donner des coups de main à l’UNEF et j’y suis resté. »

On retrouve le même genre de motivation chez les militants des partis politiques. Pour Marine, militante UMP chez les Jeunes Pop, « le seul moyen de faire changer les choses c’est de militer, de s’engager, d’être au sein de la politique. »

L’engagement est donc une vraie passion, une vocation. Ce qui exclut toute idée de lassitude, « une drogue hyper-forte » pour Edouard, militant UMP, « quand on a commencé on ne s’arrête plus. » Laurent avoue « j’ai été en mobilité aux Etats-Unis pendant neuf mois et ça m’a manqué de ne pas militer ! » Mais rien ne semble pouvoir aller à l’encontre de son engagement « Il y a des déceptions parfois mais quand tu perds ça veut juste dire qu’il va falloir gagner. »

« L’engagement n’est pas naturel pour les gens »

Pourtant, on compte seulement 15% d’étudiants engagés dans le milieu associatif, syndical ou politique. Difficile à concevoir en voyant les témoignages des engagés, de moins en moins nombreux malgré leur implication. Comment réagissent-ils face à cette démobilisation massive des étudiants ? « Je comprends, dit Laurent, c’est parce qu’on n’est pas dans une société qui apprend l’engagement et qui le valorise. Du coup, ce n’est pas naturel pour les gens. »

Pour Edouard, « ça peut prendre du temps un engagement, ce n’est pas facile. Mais il n’y a pas qu’une forme d’engagement unique, rien que parler politique même en famille, c’est une façon d’être engagé. »

L’engagement peut donc être pesant et chronophage, ce qui n’empêche pas les membres actifs de ces mouvements d’y consacrer parfois beaucoup de temps. Pour autant, ceci ne veut pas dire qu’ils se considèrent avant tout comme des militants. « Les études passent avant bien sûr, confie Edouard, c’est pas l’UMP qui va me faire manger. » Même chose du côté de Laurent « de toute façon l’UNEF c’est un syndicat étudiant, je suis étudiant avant tout. »

Être engagé est avant tout une démarche qui peut aider au développement personnel mais qui ne doit pas empiéter sur les études. « Même si en ce moment c’est particulier à Sciences-Po… » nuance Laurent, très impliqué dans l’affaire de l’augmentation des frais d’inscriptions.