Cinéma en construction, c’est un peu la face cachée du festival Cinelatino, une compétition entre longs-métrages d’Amérique Latine qui n’apparaissent pas sur le programme. C’est surtout une rencontre entre professionnels du cinéma afin de soutenir des films indépendants encore inachevés pour manque de moyens.

Il y a une véritable demande de la part des réalisateurs latino-américains. Notre travail est donc de trouver les partenaires, les associés, de les fidéliser, de connaître les professionnels du cinéma et de les mettre en relation avec les réalisateurs afin de leur donner une certaine visibilité”, résume Eva Morsch Kihn, responsable de Cinéma en construction. Si le projet se développe réellement en 2002 et se munit du nom actuel, des “coups de pouces à des films bloqués au stade de la post-production ont été organisés dès 1998”, explique-t-elle.

Désormais, Cinéma en construction a bien grandi en s’associant au Festival international de Cine de San Sébastian, permettant ainsi un financement transfrontalier. Pendant longtemps, le projet a survécu avec très peu de moyens. Et il semblait difficile d’obtenir des financements français pour un projet cinématographique étranger, sans véritable lien avec la France. Mais si aujourd’hui, Cinéma en construction se développe, c’est non seulement grâce à l’aide européenne, mais également grâce à une redécouverte des films latino-américains : “Les films sont plus audacieux et ils plaisent davantage au public” constate Eva Morsch Kihn.

Cinéma en construction reçoit ainsi environ 200 films chaque année et en général douze font l’unanimité, ou presque, au cours de deux rencontres annuelles dont l’une se déroule actuellement. Professionnels de la réalisation, de la production, de la distribution et de la diffusion mettent en commun leurs spécialités pour élire les longs-métrages qui pourront ainsi profiter d’une visibilité, non seulement en France, mais également à l’international. Toute une série de critères entrent alors en jeu: originalité, qualité de la réalisation, regard singulier du réalisateur, jeu des acteurs ou encore forme dramaturgique. “Le film doit créer une émotion globale”, résume la responsable.

A partir de ce choix, plus de 100 films ont été distribués depuis la création de Cinéma en construction, et cela ne cesse de progresser. Pour preuve : La Playa DC de Andrès Arango, Villegas de Gonzalo Tobal, La Sirga de William Vega et Enfance Clandestine de Benjamin Avila, sont quatre films soutenus par Cinéma en construction qui ont été présentés au festival de Cannes, “C’est comme un aboutissement pour nous”, conclut Eva Morsch Kihn.