Les web-séries se développent sur le net et de jeunes réalisateurs n’hésitent pas à poster leurs créations. Y compris des Toulousains motivés et talentueux.
En à peine 24 heures, le dernier épisode du Visiteur du Futur a été visionné plus de 50 000 fois sur Dailymotion. Pour certains, ceci ne signifie pas grand-chose, mais il va falloir s’y habituer car les web-séries apparaissent comme un pilier central d’Internet aujourd’hui.
Si le concept de web-série n’est pas encore très présent en dehors des médias spécialisés, les jeunes réalisateurs pullulent sur la toile et y trouvent un moyen nouveau pour diffuser leurs créations. Il leur suffit de tourner quelques vidéos, parfois de seulement une ou deux minutes, et de les poster sur Internet sans se soucier des difficultés liées aux canaux traditionnels de la télévision. Ici, pas besoin du soutien de producteurs ou de grands groupes financiers, un peu d’imagination et un Smartphone peuvent suffire à tourner sa propre série. Et ce avec une capacité de diffusion impressionnante sur le web.
A partir de ça, n’importe qui peut s’exposer sur Youtube et Dailymotion mais bien sûr, tous n’atteignent pas le succès de certains cadors comme Noob ou le Visiteur du Futur. Deux séries humoristiques à l’esprit geek qui rassemblent un nombre conséquent de fans et qui arrivent, notamment pour le Visiteur du Futur, à sortir du côté amateur des premiers temps et à proposer un travail cinématographique plus poussé et plus professionnel. Ces séries ont même pu dépasser la sphère d’Internet pour s’afficher à la télévision, sur des chaînes câblées ou même sur France 4.
Le Visiteur du Futur – 1×01 par Studio-4-0
Le but ? Se faire plaisir
Un succès qui fait rêver et qui explique l’explosion du nombre de web-séries, y compris à Toulouse. Parmi elles, on retrouve Hellcops, créée fin 2012 par deux jeunes Toulousains travaillant dans l’audiovisuel, Jonathan Cathala et Thibault Dérioz. Hellcops raconte l’histoire d’une bande de jeunes geeks qui se retrouvent piégés dans un monde étrange pour avoir contrarié le maître des ténèbres. La série est fortement influencée par les jeux vidéo et les bandes dessinées, ainsi que par un humour absurde qui ne se prend pas au sérieux.
« Nous avons réfléchi à une idée originale qui nous permettrait d’utiliser tout ce qu’on sait faire : de l’escrime, du cheval, de l’airsoft, de l’humour (…) et on s’est dit qu’on pourrait envoyer notre groupe de geek en enfer ». Pour Jonathan Cathala, le succès n’est pas le premier objectif d’une web-série. Le but est avant tout de se faire plaisir avec un projet entre amis. Internet leur a permis de se faire connaitre et surtout, de développer leurs idées sans se soucier des canons de l’audience ou des modèles télévisuels.
Le succès du Visiteur du Futur a ouvert des portes. François Descraques, son réalisateur, apparaît comme un pionnier et un modèle à suivre dans ce domaine encore mal défini. Jonathan Cathala le cite comme le créateur des « codes des web-séries ». Mais il ne faut pas croire que ce succès soit à la portée de quiconque se lance dans cette aventure.
Hellcops – Episode 1 par Annamenel
Une passion, pas un métier
Jonathan Cathala « ne pense pas que ce genre de projet soit viable avant plusieurs saisons car le format web n’est pas encore réellement regardé par les producteurs et parce qu’il faut vraiment atteindre plusieurs milliers (voire millions) de vues pour que ça puisse intéresser un producteur. » Le projet reste donc dans le domaine amateur, un défoulement à côté d’un véritable emploi qui permet de développer tout son savoir-faire sans se poser de limites.
Une impression également liée à la géographie, car s’il semble évident que Toulouse est une ville dynamique au niveau culturel, ceci se cantonne essentiellement à l’aspect associatif. Ainsi, Hellcops a pu être produite par l’association des « Films sans domicile » qui met en contact les techniciens et les acteurs souhaitant tourner, mais qui n’a pas vocation à devenir une société de professionnels. « Certains membres de l’équipe ont rejoint Hellcops pour s’en servir de vitrine et de « tremplin » pour leur carrière professionnelle. Mais la majorité était là juste pour faire un film entre potes. »
La web-série, un métier d’avenir ? Pas forcément à en croire les principaux intéressés. D’autres séries toulousaines ont été créées comme Sweet Brain Effect ou Les Souverains mais il y a à chaque fois la même distance sur leur travail qui n’a pas vocation à se pérenniser dans les années à venir. Le web permet assurément un tremplin plus aisé vers les hautes sphères professionnelles mais la concurrence est telle qu’il paraît difficile de s’imposer aux yeux des producteurs.
Mais une chose est sûre, ces créateurs enrichissent Internet et grâce à eux, il devient possible de regarder autre chose que des vidéos de chats sur Youtube.