Le conflit israélo-palestinien s’exporte. Dans plusieurs villes de France, des rassemblements en soutien à la Palestine ont vu le jour, suivis de réactions pro-israéliennes invoquant la légitime défense. Toulouse n’a pas échappé à la mobilisation.

Le 13 novembre, la France se réveillait avec une nouvelle au goût de déjà-vu : l’État d’Israël bombardait la bande de Gaza, en réponse à des tirs de roquettes palestiniens ayant entraîné la mort de trois soldats de Tsahal. Les réactions ne se firent pas attendre : la France se dit « extrêmement préoccupée » par la situation, et envoie sur les lieux, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Après une médiation opérée par l’Égypte, une trêve est conclue mercredi dernier, laissant entrevoir la fin d’un raid qui aura coûté la vie à cent soixante-sept palestiniens, et à six Israéliens. L’heure est aux pourparlers, au Caire, où l’on espère consolider un fragile cessez-le-feu. La délégation israélienne et les représentants du Hamas ne négocient cependant pas ensemble ; ils s’adressent à des médiateurs égyptiens chargés de faire avancer les discussions. L’offensive aura donc duré huit jours, une longue semaine pendant laquelle les militants pro-palestiniens auront battu le pavé en signe de solidarité, partout dans le monde, et même à Toulouse.

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Arrêtez le massacre

Samedi, 14h30. La place du Capitole se remplit peu à peu de drapeaux aux couleurs de la Palestine, en marge du Marché de Noël, qui s’installe. Les manifestants sont indignés : « Soldats, colons, hors de Palestine ! », « Silence, on tue à Gaza  », scandent-ils, tous en chœur, écriteaux en main. Une étrange représentation de théâtre a lieu au milieu du cercle des participants : des hommes déguisés en soldats israéliens malmènent des Palestiniens, couchés sur le sol. Ils attrapent au hasard des personnes dans la foule, les font prisonnières au motif qu’elles sont des « terroristes  ». Hommes, femmes, enfants, tous abattus, et militaires violents et sûrs d’eux ; c’est ainsi que les associations et collectifs pro-palestiniens de Toulouse ont choisi de symboliser l’opération Pilier de Défense, menée par Israël. « Nous sommes là pour dénoncer ce qui se passe à Gaza », explique Tom, militant de Coup pour Coup 31, « c’est un véritable massacre, doublé d’une poursuite de la politique colonialiste d’Israël ». Son association milite contre toutes les formes d’impérialisme dans le monde, et pointe du doigt la diplomatie française. « Il y a collusion entre les gouvernements occidentaux, dont la France fait partie. Ils laissent faire. », continue-t-il.

Plus loin dans la manifestation, on trouve Julie, une étudiante qui a vécu six mois à Bethléem. « J’ai vu que les Palestiniens n’étaient pas des terroristes, j’ai compris qu’ils avaient même un droit sur leur terre  », explique-t-elle, choquée. Quand on lui parle de légitime défense, elle répond sans hésiter : « Ces roquettes étaient des réponses à d’autres violences de la part d’Israël, des meurtres à répétition, etc. Le Hamas s’est radicalisé, c’est vrai, mais le blocus enserre la population, les Palestiniens sont désespérés ».

Pour deux États

« Mon père s’appelle Abraham, ma mère s’appelle Marianne ». Telle est la devise d’Alexandre Sztulman, président de l’Union des Étudiants Juifs de Toulouse, qui a souhaité réagir. Son association s’est toujours prononcée « en faveur de la paix » et « pour l’arrêt des violences », même s’il considère que l’opération menée par Israël est une réaction de « légitime défense ». Pour lui, le Hamas est une organisation terroriste, une « armée à part entière », avec laquelle il est impossible de discuter. L’UEJT se réjouit de la nouvelle de la trêve, car cela permet d’éviter la mise à exécution de la menace d’une offensive terrestre par Israël. De plus, les échanges de violences entre Palestine et Israël suscitent, selon Alexandre Sztulman, des réactions « malsaines » dans les pays occidentaux, comme des attaques contre des synagogues. Il espère que des discussions bilatérales se mettront en place pour pacifier la situation au Moyen-Orient.

Mais Alexandre Sztulman appuie volontiers sur un autre aspect du conflit : « Lors de notre voyage annuel à Ramallah, nous sommes allés à la rencontre des étudiants palestiniens, nous avons parlé à des membres du Fatah [ndlr : le parti au pouvoir] et avons bien vu qu’ils sont ultra-modérés ». Il rappelle également que des accords commerciaux existent entre la Palestine et Israël, prouvant que les deux États peuvent s’entendre. « Je suis sioniste et pro-palestinien, ce qui revient à dire que je suis favorable à deux États  », conclut-il. Pas de rassemblement prévu à Toulouse, précise-t-il, rappelant que les manifestations pro-palestiniennes ne doivent pas être le lieu de nouvelles formes de violences.