Les pages Facebook et comptes Twitter ne suffisent visiblement plus aux facultés françaises. Après l’université Paris-Descartes, qui avait tenté l’expérience en 2008 avec Carnets2, c’est l’université du Mirail qui a lancé en janvier le réseau social Bee API.

Sur Bee API, l'idée est d'essaimer et partager ses propres connaissances L’objectif : discuter des cours après leur délivrance, créer un forum virtuel d’entraide étudiante mais aussi mettre à disposition des usagers et administratifs de l’université un site sur lequel ils peuvent échanger leurs coups de cœur littéraires, musicaux ou cinématographiques.
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Le réseau, accessible aux 23.000 étudiants et membres de l’administration du campus, ne compte pour l’heure que quelques dizaines d’utilisateurs actifs. Ce n’est pas un problème pour Eric Ferrante, responsable de Bee API [Apprendre en Partageant ses Intérêts]. Il estime que cette phase très faible en terme d’activité devrait encore durer plusieurs semaines. Il espère notamment qu’un effet de réseau se forme peu à peu sur le campus, et fasse ainsi évoluer exponentiellement le nombre d’utilisateurs.
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Car il s’agit pour l’université de fédérer une communauté d’étudiants la plus large possible autour des cours et formations dispensées au Mirail. Une forme de régime virtuel d’entraide, sur lequel les nombreux étudiants d’une même filière pourraient facilement échanger des conseils de lecture, des outils méthodologiques voire même une partie de leurs cours (pour les plus généreux).

Un réseau comme les autres ?

Une des innovations principales de Bee API est également la possibilité de créer un blog personnel sur lequel chacun peut dévoiler ses passions et ses hobbys, même non universitaires. Probablement une volonté d’attirer un public étudiant habitué aux Facebook et autres Twitter, sur lesquels ils partagent nombre de leurs centres d’intérêt. Mais ce qui pourrait constituer la réussite de ce réseau pourrait aussi conduire à de nombreuses dérives.
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En effet, les forums spécifiques par filière pourraient devenir des tribunaux, jugeant les qualités pédagogiques des cours dispensés par les différents enseignants-chercheurs et maîtres de conférences. Un mode d’évaluation public qui n’inquiète pas Eric Ferrante. « On ne peut pas se cacher sur Bee API », affirme-t-il ainsi, alors que les profils de chaque étudiant, composés notamment des vrais noms et prénoms, ne peuvent comporter de pseudo(s). Difficile ainsi d’imaginer un étudiant tancer publiquement un de ses enseignants. Les responsables du réseau comptent également sur l’autorégulation. Chaque utilisateur peut ainsi signaler un contenu qu’il considère contraire à la charte du site.
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La réalité doit néanmoins encore dépasser le symbole. L’abeille, qui trône en haut de la page d’accueil du réseau social, est pour l’instant un peu seule sur Bee API. Les étudiants désertent le réseau, inquiets du fait que des membres de l’université administrent et modèrent les contenus publiés. En attendant d’éventuelles améliorations, et une plus grande communication de l’université autour du projet, attendu notamment à la rentrée de septembre 2014, le réseau social pédagogique reste donc pour l’instant une expérience sans résultats concrets.
Les services numériques du Mirail se donnent deux ans pour évaluer l’utilisation et le succès du réseau. Affaire à suivre.