« Ici c’est l’Occitanie, pas l’Algérie ». Voilà la formule aussi subtile que raffinée qui orne depuis une semaine les murs de l’université Toulouse-1 Capitole et les abords du quartier Arnaud-Bernard. Les Occitans seraient-ils devenus racistes patentés ? Non, c’est tout simplement un nouveau fait d’armes des identitaires, cette extrême droite « new-look » qui trouve que « Marine le Pen est trop à gauche », laissant présager du « meilleur » quand aux finalités de ce mouvement.

Depuis plus d’un an, ce courant idéologique se base sur les identités régionales pour porter un discours contre une prétendue « invasion islamiste » en Europe, au travers d’une communication bien rodée : « Autre Jeunesse », « contre le racisme anti-blanc », « anti mondial, pro local », ou encore « front populaire solidariste ». Ces slogans attrayants et « rebelles », récupérant le style de l’extrême gauche, cachent des pratiques beaucoup moins innocentes : incendie de kebabs à Lyon en lien avec des groupuscules néo-nazis, agressions racistes à Auxerre ou à Lille. Enfin, l’on n’oubliera pas Fabrice Robert, le leader de ce mouvement, qui est ancien membre du groupuscule Unité Radicale, dissout par l’Etat en 2002 pour des liens avec la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie.

Les voilà désormais qui cherchent à s’implanter à Toulouse en récupérant les revendications occitanes à leur profit, revendiquant « une politique d’incitation de retour « au pays » de « l’émigration occitane » avec en sous-entendu le départ des autres trop « différents », thème si cher aux extrême-droites sous toutes leurs formes. Pour Guilhem Latrubesse, porte parole de la section toulousaine du Parti occitan, c’est plus qu’un non-sens : « La base de la langue occitane c’est la poésie des troubadours, c’est-à-dire la rencontre entre la poésie du monde arabe et un nouvel art du chant né dans le sud de l’Europe au Moyen-Âge. La culture occitane toute entière est basée sur les liens avec la Méditerranée et le monde arabe ». Plus encore, le Parti occitan a déjà eu affaire à ces groupes dans le Sud-Est du pays, comme à Orange, où la ligue du Sud (alliance entre FN et identitaires provençaux) « s’est systématiquement opposés aux revendications occitanes ». Idem dans le Piémont Italien avec la Ligue du Nord, proche des identitaires, et farouche opposante de ces revendications.

Dernière preuve de ce double discours : ces tags ont été réalisés le 25 octobre, en commémoration de la bataille de Charles Martel contre les Arabes à Poitiers. sauf que, comme le précise Guilhem, « il n’y a pas de fait historique de grande bataille à Poitiers en 732, c’est une mythologie historique, les batailles d’ampleur ont eu lieu à Narbonne ou Toulouse. Mais cela montre que ces personnes ne connaissent rien à l’Histoire. Ils utilisent l’Occitanie comme ils prendraient une marque pour faire passer leurs idées ».

Les Toulousains ne se sont en tout cas pas trompé à leur sujet puisque depuis, d’autres tags « occitania antifascista » recouvrent les premières inscriptions, façon de dire que se revendiquer « citoyen français et de nationalité occitane » n’est en rien incompatible avec la lutte contre toutes formes d’intolérance, tout au contraire.

photo : http://lefoxpass.wordpress.com/