Chaque année, une soixantaine d’étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse suivent un double cursus à l’Université Toulouse 1- Capitole. Un véritable parcours du combattant pour certains d’entre eux, puisque les administrations des deux établissements souffrent d’un manque de coordination. Thibaud Durox et Clémence Bacher, deux étudiants de l’IEP inscrits en droit à l’UT1, reviennent sur un parcours universitaire semé d’embûches.

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« Être étudiant en double cursus à l’Arsenal ? C’est ce que j’appelle la science de la débrouille ». Thibaud Durox est à la fois étudiant en cinquième année à l’IEP et en master 2 de droit à l’UT1. Les problèmes d’emploi du temps, les sessions d’examens qui tombent au même moment, les longues négociations avec les deux administrations, il les connaît bien. « En cas de difficulté, l’IEP et l’UT1 ne cessent de se renvoyer la balle. On n’a aucun interlocuteur attitré quand on est en double cursus. Du coup on est obligé de se débrouiller seul ».

Repli sur des formations à distance

Clémence Bacher, en double cursus depuis quatre ans, n’ira pas contredire l’étudiant : « J’avais mes emplois du temps qui se chevauchaient. Je voulais trouver un arrangement. Mais rapidement je me suis retrouvée à faire le perroquet entre les deux établissements. A l’IEP on me disait que j’étais d’abord étudiante à Sciences Po donc que c’était à l’UT1 de s’arranger. En face, ils me rétorquaient qu’on ne pouvait pas changer l’emploi du temps d’une élève sur une promo de 2 000 personnes. Que faire ? » L’étudiante est face à une impasse. Elle fait le choix de privilégier l’IEP mais accumule les points en moins à la faculté de droit. « Au bout de deux mois, j’ai dû prendre mes cours par correspondance à la Sorbonne. Je n’avais pas d’autre choix, les formations à distance de l’UT1 n’existaient qu’à partir de la licence 3 ».

Plus qu’une mauvaise coordination, c’est une tension entre les deux établissements que déplore l’étudiante: « Quand je suis allée voir l’administration de l’UT1, dès que je leur ai dit que j’étais étudiante à l’IEP, les attitudes ont changé. On m’a réservé un mauvais accueil et on m’a tout de suite mis des bâtons dans les roues». Insister, négocier, rester diplomate, les seuls moyens d’obtenir gain de cause à vrai dire. Après deux ans à distance à la Sorbonne, Clémence tente de se refaire une place à l’UT1, cette fois en licence 3, mais « étant étudiante à Toulouse, ils refusaient que je bénéficie d’une formation à distance dispensée par l’UT1 ». Après plusieurs semaines de dialogue, elle finit par l’obtenir, « enfin » !

Les doubles cursus restent possibles

Aujourd’hui, l’étudiante affiche un visage plus serein. La Formation Ouverte à Distance (FOAD) de l’UT1 l’accompagne dans son double cursus et fait en sorte que les étudiants puissent passer leurs examens dans de bonnes conditions. Thibaud est aussi de cet avis : « A la fac, il y a plusieurs dispositifs qui facilitent la poursuite de notre double cursus comme l’interface Moodle, la corpo de droit qui vend des polycopiés, la bourse aux livres ».

Les doubles cursus ne semblent pas condamnés mais l’étudiant s’interroge encore sur le manque de coopération entre les deux établissements. « Pourquoi ne pas envisager des partenariats pédagogiques ? Pourquoi ne pas développer de filière commune, un partage des réseaux professionnels et universitaires ? Les étudiants y gagneraient totalement ».

Jean-Louis Guy, professeur d’économie à l’IEP et à l’UT1 en est aussi convaincu. L’enseignant a toujours encouragé les étudiants à suivre plusieurs formations à la fois. Il admet toutefois qu’il est de plus en plus difficile de réaliser un double cursus à l’Arsenal, surtout quand les établissements contrôlent de près la présence de leurs étudiants. En faisant référence au nouveau règlement des examens de l’IEP, le professeur questionne la pertinence d’un régime d’assiduité contraignant : « Est-ce que les gens qui sont absents à certains cours à cause d’un double cursus ont de moins bons résultats ? Pour avoir suivi plusieurs élèves durant leur scolarité, je me suis rendu compte que ce sont souvent eux qui sortent majors des promos ». A méditer.