Dans quelle mesure un média étudiant subventionné peut-il être indépendant ? Posée à l’occasion d’une table ronde organisée par l’association Animafac les 5-6 février derniers à Toulouse, la question fait toujours débat, quitte à digresser vers la presse en général et les différents supports d’information.

Ecrire ou ne pas écrire, dévoiler une information déplaisante ou la garder pour soi. Tel est le dilemme auquel doivent souvent faire face les journalistes étudiants. Alors qu’ils ne sont même pas en possession d’une carte de presse, qu’ils n’ont pas forcément pour objectif de devenir journalistes professionnels, il leur arrive, plus souvent qu’à l’accoutumée, de pratiquer une autocensure de bon aloi afin de conserver des relations cordiales avec l’administration universitaire, détentrice du monopole en matière d’informations à publier, et principal décideur dans les attributions de ses subsides, à savoir : le Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes (FSDIE).

Des sujets inabordables

Le statut même du média étudiant en général et le manque de diversité de ses ressources le rendent vulnérable à la moindre privation de subvention. Ainsi, Clément, journaliste au magazine bordelais Tintamarre Hebdo (50 000 € de budget annuel dont la moitié de sponsoring), avouait, durant la table ronde : « Il nous serait impossible de consacrer un article à un de nos sponsors. L’occasion s’est présentée et nous avons préféré ne pas le faire ». Que ce soit pour préserver son budget ou pour des raisons déontologiques, il est des sujets qui restent inabordables. A vrai dire, le Tintamarre Hebdo n’est pas le seul à pratiquer cette sélection éditoriale. A-t-on souvent l’occasion de lire des articles du Figaro à charge contre les entreprises de son propriétaire, Serge Dassault ?

Limiter la dépendance aux subventions

Pour contourner cette perpétuelle remise en question éditoriale, d’autres médias tournent moins autour du pot et décident d’adopter une politique budgétaire restrictive, en s’appuyant sur le principe intangible du bénévolat du rédacteur et en limitant les coûts de production du journal papier. Par exemple, la rédaction du Lapin Blanc, mensuel étudiant des trois campus toulousains, ne s’embarrasse guère des questions d’esthétique en ce qui concerne la mise en page (voir, dans le même dossier « Le Lapin Blanc sort de son terrier »).

Internet, l’éternel sauveur

Dans l’optique de limitation des coûts à l’extrême, il est apparu qu’internet constituait la meilleure des solutions, sans pour autant priver les médias qui l’utilisent d’une quelconque audience, le lectorat universitaire étant particulièrement bien installé sur la toile. Ainsi en est-il du Performatif, journal des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse, qui ne bénéficie d’aucun soutien financier de la part des instances universitaires.

Le web serait donc le meilleur garant de l’indépendance de la presse. A voir… L’alternative ne vaut que pour la presse écrite, et encore faut-il ne pas avoir maille à partir avec un quelconque fournisseur d’accès.