Le marché Saint-Aubin est probablement la place forte du dimanche matin à Toulouse. L’endroit où les survivants du samedi soir viennent partager quelques derniers instants festifs, l’œil fatigué mais encore vibrant du souvenir des exploits de la veille. Les agriculteurs des environs, présents sur place dès l’aube, viennent y vendre leurs produits frais, sur lesquels se précipitent les citadins de tous horizons, de l’étudiant au retraité en passant par la famille en sortie matinale. Les stands associatifs sont légion et la foule adolescente, dont on pourrait penser qu’elle serait la dernière à pointer le bout de son nez en ces heures proches de l’aurore, se presse devant les étals de vêtements venus d’ailleurs, les vendeurs de gâteaux et les bouquinistes à la petite semaine.

Le temps ne suspend pas son vol, il ralentit. C’est dimanche, et le rythme effréné de la semaine n’est pas de mise. Le public cultive un éloge de la lenteur entièrement assumé, pas pressé de voir arriver les prémices du lundi.

Question musique, là aussi, Saint-Aubin est la place à fréquenter pour se réveiller à l’écoute d’une myriade de groupes qui tapent la manche et s’attirent quelques admirateurs enchantés d’échapper aux refrains répétitifs écoutés pendant la semaine. De la fanfare funk au groupe de jazz manouche, sans oublier le punk incapable d’aligner trois accords, on fait revivre les classiques : Brassens, Aznavour, Hendrix et compagnie sont plus que jamais présents sous les pas des aficionados du marché.

Saint-Aubin offre des moments particuliers où ne semblent finalement avoir de l’importance que le fait de prendre son temps, ainsi qu’une revanche savoureuse sur la dictature du calendrier.