Le projet de déménagement de l’IEP de Toulouse quai Saint-Pierre connaît de nombreux rebondissements. Entre la grogne des riverains et les questions autour du financement, la situation peut paraître floue. Tentative d’éclaircissement en cinq points.

20140205_154501_2_.jpg Les riverains ont-ils retardé le déménagement ?

Oui. Comme l’explique Philippe Raimbault, directeur de l’IEP, une négociation avec les riverains du quai Saint-Pierre a perturbé le calendrier du déménagement : « Il y a eu un retard du fait de la négociation avec les riverains pour le dépôt du permis de construire ». Les futurs voisins de l’IEP contestaient la hauteur du bâtiment, la trop grande proximité du futur Sciences-Po et l’esthétique de la façade. Ces trois griefs ont été entendus par l’IEP et des modifications ont été effectuées. Malgré tout, les riverains poursuivent leur contestation. Ils ont déposé dans ce sens une pétition signée par 1300 personnes à la préfecture le 4 février. Mais Philippe Raimbault tient à préciser « qu’à ce jour il n’y a pas de procédure en tant que telle de leur part. Si procédure il y a ce sera seulement au moment où le permis de construire sera accordé ».

L’installation prévue à la rentrée 2016 quai Saint-Pierre va-t-elle être encore retardée ?

A priori , Non. « Le permis de construire a été déposé en décembre 2013 et les délais d’instruction peuvent aller de quatre à six mois. Tout cela n’a pas permis un emménagement à la rentrée 2015 », explique Philippe Raimbault. Cependant, la destruction du bâtiment situé quai Saint-Pierre pourra commencer dès le printemps. Une période de fouilles est ensuite obligatoire. Fin 2014, les travaux pourront débuter, et le futur IEP devrait être livré au mois de mai 2016. Voilà le plan tel que le directeur de l’IEP l’espère. Malgré tout, un doute persiste quant à la durée des fouilles archéologiques d’une part. D’autre part, d’éventuelles procédures contre le permis de construire par les riverains constituent l’autre inconnue. La marge de manœuvre entre mai 2016, la fin des travaux, et septembre 2016, la rentrée, semble tout de même assez confortable.

La hausse des frais d’inscription est-elle due au déménagement ?

Pas uniquement. Le budget de fonctionnement est de plus en plus restreint, en dehors même du déménagement. Selon Alexis Gales, élu étudiant à l’IEP, le vrai problème se situe dans le désengagement de l’Etat par la baisse de 5% de la dotation globale de fonctionnement. Cependant la hausse des frais d’inscription serviront « au minimum à éponger les dépenses de sécurité de l’actuel bâtiment jusqu’au déménagement voire à financer en partie ce dernier », selon Alexis Gales. Il regrette que les étudiants doivent participer, même à minima, à cet investissement. « On s’immisce insidieusement vers une logique marchande où la somme déboursée par les étudiants est liée à la qualité de la formation ou aux conditions d’étude », déplore le représentant étudiant.

Le déménagement est-il conditionné à la réussite de la campagne de dons lancée par l’IEP ?

Non. Sur cette question, Philippe Raimbault tient à préciser que « l’opération n’a pas pour but de payer la construction du nouvel IEP. Cela est déjà bouclé par le biais de fonds publics venant de l’Etat et des collectivités locales ».
Cela n’empêche que l’appel aux dons ne fait pas l’unanimité. L’étudiant, Alexis Gales exprime son incompréhension face à cette démarche : « soit cela relève d’un investissement pédagogique indispensable pour les étudiants et il doit donc être pris en charge par l’Etat, soit cela relève de dépenses somptuaires et n’a donc pas raison d’être ».

L’IEP peut-il s’estimer lésé en comparaison des moyens dont disposera l’ESC pour son déménagement ?

A voir. Selon la Dépêche du Midi, l’ESC devrait déménager à l’endroit de l’ancienne prison Saint-Michel pour un total de 68 millions d’euros. Toulouse Métropole et la ville rachèteraient le terrain afin de le revendre à un prix intéressant à l’école de commerce. Cette initiative peut paraître favorable à l’ESC mais Philippe Raimbault ne s’estime pas floué en comparaison : « Il ne s’agit pas de subvention. En ce qui nous concerne c’est la communauté urbaine qui a effectué le portage, ce sont les même personnes en réalité ».
En fait, ce qui peut paraître discutable c’est le statut public de l’ESC, une école dont le mode de fonctionnement se rapproche plutôt d’un statut privé. « Cela m’étonnerait que les collectivités locales ne s’endettent pas afin d’assurer à cet établissement un plus grand rayonnement », pronostique Alexis Gales. Et le représentant étudiant de poursuivre : « Les cajoleries des pouvoirs publiques ne me paraissent pas nécessaires».