Le Planning familial de Toulouse n’occupe qu’un tout petit local. A peine quelques mètres carrés pour une association qui va fêter cette année ses trente-cinq ans d’existence.

Trente-cinq ans de militantisme et de permanences quotidiennes, pour informer sur la sexualité et la contraception. Sur les murs, autant d’affiches que de luttes menées par le Planning. On peut lire les slogans : « La liberté prend corps » ou encore « Liberté, égalité, sexualités ».

Beaucoup de visites de lycéennes et d’étudiantes
photoplanning2.gifDans ce local, des dizaines de consultations par jour. Des femmes, des couples ou des parents inquiets. « La plupart des filles ont entre 15 et 25 ans », précise Emilie Boutin, une des trois salariées de l’association. Elles viennent surtout pour s’informer sur « les moyens de contraception, les tests de grossesse et l’IVG ». Des sujets encore tabous dans certaines familles. Mais le Planning reçoit aussi beaucoup d’hommes. « Si la femme vit la grossesse à travers son corps, on remarque de la part des hommes la volonté de tout savoir, ils posent beaucoup de questions », remarque Emilie.

Les journées passent au rythme des visites. Un couple d’adolescents entre timidement. « On voudrait savoir comment se procurer la pilule du lendemain », demande la fille. Une conseillère les accueille dans une petite salle de consultation. Pendant ce temps, au téléphone, une femme voudrait connaître les démarches pour avorter. Un peu paniquée, elle relate les propos tenus par son médecin, réticent à l’intervention. En une quinzaine de minutes, Emilie Boutin rassure, informe des délais légaux, oriente vers une structure médicale. Là s’arrête l’action du Planning, qui ne prescrit aucun moyen de contraception ni ne pratique d’acte médical.

Lutter contre les idées normatives

photoplanning1.gifEn fin d’après-midi, arrive Julie Vaudois, étudiante en sociologie et militante au Planning. Avec un projet en tête : ouvrir un relais d’information du Planning à l’université du Mirail. « Je me suis engagée pour lutter contre tout ce qui est normatif au sujet de la sexualité », explique-t-elle. Un sentiment partagé par beaucoup des militants du Planning.

Emilie Boutin voit dans son action un moyen d’éduquer à la sexualité « autrement qu’avec les films pornographiques ». Un concept d’éducation populaire, cher aux militants.

Pourquoi, à Toulouse, comme ailleurs en France, le Planning familial ne s’est pas regroupé avec les centres médicalisés de planification et d’éducation familiale (CDPEF), gérés par les départements ? Personne ne sait trop dire. Il faudrait poser la question aux militants plus âgés. Car le combat pour parler de sexualité en toute liberté ne date pas d’hier. Et ne semble pas prêt à s’éteindre. Pour preuve, l’association va déménager vers de nouveaux locaux. Plus grands, plus confortables, pour de nouvelles actions.

Réductions de budget : le gouvernement rassure

PHOTOLIVREOK.gif« C’est l’effet boomerang ! », se félicite Emilie Boutin. L’annonce d’une réduction de 42 % du montant affecté au conseil conjugal et familial, dans la Loi de Finances 2009, a provoqué une levée de boucliers, ce dernier mois. Le Planning familial craignait en effet la fermeture d’un tiers de ses associations en France.

Une pétition, lancée par le Planning familial, a recueilli 117 392 signatures électroniques au 26 février 2009. La réaction fut vive aussi chez certains élus politiques, notamment à Toulouse. « En Midi-Pyrénées, les élues se sont beaucoup mobilisées. Toutes les femmes politiques nous ont appelées, elles ont réagi très vite », se réjouit la militante.

En pleine tourmente sociale, le gouvernement s’est alors voulu rassurant. Le ministre de la Famille, Brice Hortefeux, a ainsi déclaré que cette baisse n’aurait pas lieu, devant l’Assemblée Nationale, le 4 février dernier. Au contraire, il a promis une augmentation du budget de 2,5 à 2,9 milliards d’euros. Deux semaines plus tard, il recevait Françoise Laurant, présidente nationale du Planning familial et annonçait une proposition d’engagement de l’Etat sur trois ans. La mobilisation semble avoir porté ses fruits. Satisfaction, mais prudence aussi, du côté du Planning. « A voir si ce n’est pas qu’une annonce pour calmer le jeu. L’affaire est à suivre », résume Emilie Boutin.

Pour plus de renseignements :
Le Mouvement Français pour le Planning familial AD31
95 Grande Rue Saint-Michel, 31400 Toulouse
[http://mfpf31.free.fr/
->http.//mfpf.free.fr/]

Le Planning en chiffres

1960 : année de création du Mouvement français du planning familial (MFPF)

450 000 : nombre de femmes ou jeunes filles ayant eu recours au Planning familial en France, en 2007

1974 : année de création d’une antenne départementale du Planning familial à Toulouse

2825 : nombre de consultations au Planning familial de Toulouse en 2008

20 : nombre approximatif de militant(e)s au Planning familial de Toulouse

3 : nombre de salariées au Planning familial de Toulouse]