Le football est sans doute le sport le plus populaire en France. Si certains suivent assidûment le match à la télévision, ou attendent simplement les résultats à la radio, d’autres vont directement au stade pour soutenir leur équipe. C’est le cas de Pierre, 23 ans, étudiant en droit, et supporter du TFC chez les Indians Tolosa.

Aimer une équipe de football c’est une chose, mais pourquoi avoir intégré un groupe de supporter ?

IMGP7702_-_copie-2.jpg À l’age de 15 ans, j’ai commencé à aller au stade avec mon beau-père. L’ambiance m’avait beaucoup plu, alors j’y suis souvent retourné. J’aimais déjà le foot, mais je l’ai beaucoup plus apprécié depuis que j’allais au Stadium ; je préférais aller regarder le mach sur place pour être dans l’ambiance, plutôt que de le regarder devant la télé. Tous les samedis soir, j’étais au stade. Une fois, je suis allé dans le cop des supporters du TFC, et j’ai rencontré des gens avec qui je me suis très bien entendu. Au fur et à mesure des matches, ces gens sont devenus mes amis. Au départ, on a tous le football pour passion commune, mais le fait de retrouver des amis lors des matchs, ça donne envie d’être au rendez-vous chaque semaine. Dans un groupe de supporter, les liens se font très vite. Quand le TFC se déplace pour jouer un match à l’extérieur, on se déplace aussi pour aller les voir jouer ; le trajet en bus dure plusieurs heures, et on est donc amené à rencontrer les autres supporters, ont crée des liens, et au final on arrive à connaître tout le monde.
J’ai choisi de rejoindre les Indians car c’était le groupe le plus actif dans le cop. Les autres groupes de supporters sont composés de membres soit assez anciens, soit beaucoup plus jeunes. La moyenne d’age des Indians, c’est entre 23 et 25 ans.

Quelles sont les contraintes pour un supporter ?

Supporter son équipe, financièrement, ça a un coup. Plus on va au stade, plus on a envie d’y aller. Quand on fait un déplacement pour aller à Lille, on paye environ 100 euros par personne. Chez les Indians on loue nous-même nos bus, ou bien on achète nos billets de train, et évidemment il faut aussi payer la place au stade en plus. C’est sûr que c’est un budget ! Pour aller voir jouer le TFC à Bordeaux, la ville la plus prêt de Toulouse, on paye environ 35 euros en frais de déplacement. Pour information, aux Indians on est à peu près 300 membres, mais ceux qui se déplacent c’est un noyau dur d’environ 60 personnes. À cela s’ajoute d’autres frais, par exemple l’année dernière à l’occasion des 15 ans du groupe, on a fait un énorme « tifo » ; ça a coûté quand même presque 3000 euros. Tout cela est financé par les supporters, on ne reçoit pas de subventions du club.

Comment les joueurs du TFC vous considèrent ?

Les supporters ont une certaine influence sur les performances du TFC. Je suis conscient que ça reste minime car les joueurs sont concentrés dans leur match, mais quand on gueule pour l’équipe, on aime croire que ça a un impact. En tout cas, on sent bien que ça touche les joueurs car, de plus en plus, ils viennent nous saluer à la fin des matchs. Certains sont même venus au local des Indians, c’était vraiment sympa de leur part. De toute façon, ils nous connaissent bien, ils nous voient tous les samedis au stade.

On associe très souvent le football à la violence, qu’en est-il chez les Indians Tolosa ?

Avec les supporters des autres équipes, en général ça se passe plutôt bien. Nous, on n’a pas un comportement violent, on ne va pas aller chercher l’affrontement, ce n’est pas dans notre esprit. Au contraire, on arrive parfois à lier une certaine amitié ; quand on va à Metz, on est tout le temps très bien reçu, on prend l’apéro et on mange ensemble avant le match. Par contre, c’est vrai qu’il existe des rivalités avec certains autres groupes. On a déjà eu des problèmes avec Nantes ou Nancy. Avec eux, il arrive qu’il y ait des débordements, voire de la violence, mais de notre côté ça n’a jamais été recherché… par contre, on s’est toujours défendu ! Évidemment, on a aussi une rivalité régionale avec Bordeaux, mais là ça reste plus une rivalité de clocher, ça n’a rien à voir avec du hooliganisme.
Pourquoi ça n’arrive qu’au football ? Parce que selon moi, le football c’est un sport qui regroupe énormément de monde, c’est de loin le sport le plus populaire, et donc il est normal que c’est dans ce sport que ça se passe. Ce n’est pas une caractéristique liée au football, c’est simplement liée à la popularité du football.


Quels ont été les moments qui t’ont marqué en tant que supporter ?

Mon meilleur souvenir, c’est sans aucun doute la victoire il y a deux ans contre Bordeaux, où l’on s’est qualifié pour la ligue des champions. Je me souviens aussi de ma première année aux Indians ; à la fin de la saison l’équipe est monté en Ligue 1. Pour ces deux évènements, il avait énormément d’ambiance, tout le stade communiait avec les joueurs. Ce sont des instants très forts qui me donne envie de retourner au stade. Il y a aussi des mauvais moments comme la double rétrogradation en division nationale. En tant que supporter c’était dur, on avait eu un sentiment d’injustice. C’était le temps de l’affaire des faux passeports où des joueurs du TFC et de Saint-Étienne étaient concernés. À Toulouse, la direction, sentant les choses tourner au vinaigre, est partie sans tenter de sauver le club. C’est mon plus mauvais souvenir.