Elodie_Bermudez.jpg21 heures, salle polyvalente du complexe sportif de Borderouge. Une demi-douzaine de boxeurs s’entraîne énergiquement. Une jeune fille annonce les exercices tout en donnant quelques conseils avisés. Ce soir-là, Elodie Bermudez, 25 ans, a troqué ses gants contre un chronomètre. Rencontre avec la présidente du Stoc (Savate Toulouse olimpica club) et surtout championne du monde en titre de savate-boxe française.

« Univers-Cités » : Pourquoi avoir choisi la boxe ?

Elodie Bermudez : C’est un heureux concours de circonstance, en tout cas il n’y avait rien de déterminé. C’était un moment de ma vie durant lequel j’avais besoin d’extérioriser à travers un sport de combat. On va dire que c’est le lieu géographique qui a fait que je me suis orientée vers la boxe française. Un club était situé juste dans ma rue. J’ai ouvert la porte par hasard. J’ai accroché et pris goût rapidement.

Qu’est ce qui t’a surtout plu dans ce sport ?

Plein de choses. Le côté un peu théâtral du ring, le fait de prendre des risques physiques, arriver à se connaître assez bien pour surmonter ses appréhensions. Je me plais à dire que l’on est dans la boxe ce que l’on est dans la vie. Par exemple, j’ai remarqué que des personnes un peu rentre dedans dans la vie de tous les jours ont un style plutôt offensif une fois sur le ring. La boxe est un bon élément pour se comprendre soi-même, se découvrir, dépasser ses craintes, connaître des joies, des moments d’extase extrême. On arrive à atteindre des degrés de concentration fabuleux, que l’on ne peux pas connaître dans un autre contexte, ou un autre sport. Du moment que l’on met son intégrité physique en jeu on prend des risques.

Quels sont tes objectifs ?

En fait ils sont déjà tous atteints depuis que j’ai remporté les championnats du monde. Après on peut s’amuser à cumuler les titres mais ce n’est pas mon objectif. Un titre c’est glorifiant mais pas forcément satisfaisant. Je suis plus dans une recherche du plaisir pur du sport. C’est pourquoi cette année je suis rentrée dans la catégorie supérieure (moins de 52kg) afin de rencontrer de nouvelles adversaires et mettre en place un nouveau challenge. Ce n’est pas plus dur mais il y a une prise de risque plus importante. Mes adversaires seront plus lourdes et surtout je ne les connais pas. Ce que je souhaite c’est retrouver un coté pétillant dans la compétition.

Reste les Jeux olympiques ?

Oui, mais pas en boxe française, car la discipline n’est pas olympique. Je me lance cependant dans le challenge en boxe anglaise. Cependant c’est un chemin long et très rigoureux. Cela représente quatre ans de sa vie que l’on doit mettre entre parenthèses. C’est ce que je veux mais c’est un choix difficile. Je fais déjà beaucoup de concessions et là je vais en faire encore plus… De plus, le niveau est très élevé. Forcément quand un sport devient olympique, le niveau devient plus élevé et il y a plus d’engouement, plus d’athlètes concernés et enthousiastes. Il s’agit donc d’une orientation que je donne à ma carrière tout en ayant conscience que cela va être très dur…

Ce soir, tu jouais le rôle de l’entraîneuse…

Disons que je suis venue en soutien ce soir car ce n’est pas moi qui dirigeait la séance. Nous sommes trois entraîneurs. J’ai obtenu mon brevet d’Etat en 2010 mais il s’agit de bénévolat. L’objectif est prendre du plaisir à transmettre une passion. C’est très satisfaisant de voir les jeunes progresser et prendre du plaisir. C’est pourquoi j’ai créé cette association avec deux amis boxeurs en juin dernier. Je prends du plaisir à donner des cours et des conseils mais je ne souhaite pas en vivre, ça me dégoûterait ! Je ne peux même pas l’imaginer car c’est un sport amateur. Je préfère rester dans le plaisir pur.