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Évoquer le sport à Toulouse relève vite du poncif. Le Stade Toulousain et le TFC risquent de revenir très vite sur les lèvres ou sous la plume de celui qui s’y essaye. Difficile en effet de contourner ces monuments du sport local tant ils en sont la vitrine. C’est en partie grâce à eux que Toulouse, avec une moyenne de 14,7/20, a terminé en tête du récent classement des villes françaises les plus « sport » du journal L’Equipe. Parmi les critères utilisés par le quotidien sportif, celui de la politique sportive de la ville en matière de financement, a particulièrement retenu notre attention. Mais derrière le sport de haut niveau, riche et porteur, qu’en est-il des petites associations sportives ?

Le sport de haut niveau principal bénéficiaire

Arrêtons-nous un instant sur les chiffres. Le budget municipal des sports est de 60 millions d’euros, soit 150 euros par habitant, ce qui représente le troisième plus gros budget de France en la matière. L’enquête souligne par ailleurs la qualité des équipements que la mairie met à la disposition des 559 associations sportives que compte la ville. Mais seulement 130 d’entre elles reçoivent une subvention de sa part. Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec une étude que des étudiants de l’Université Paul Sabatier avaient menée en 2005 sur le sport de haut niveau toulousain [[Sur les clubs suivants : Toulouse football club, le Stade toulousain rugby, le Toulouse Launaguet basket-ball, le Toulouse union handball, les Spacer’s volley-ball, le Toulouse Fontaine club, le Toulouse XIII.]]. Elle montrait que 57 % des subventions municipales revenaient au Stade Toulousain et au TFC mais ces dernières ne représentaient que 9 % de leur budget annuel contre par exemple 54 % pour les volleyeurs des Spacer’s.
Le sport de haut niveau se porte toujours bien deux ans après. Cette année, les amateurs de sport se verront proposer quatre Coupes d’Europe par les clubs toulousains (Rugby à XV et à XIII, Football, Volley-ball). Une première.

429 associations non subventionnées

Financer les sports les plus porteurs est sans nul doute un bon investissement. Les retombées économiques générées grâce au foot et au rugby représentent une manne bénéfique pour toute la ville. Cependant, cette répartition inégale des subventions municipales laisse sur le carreau 429 associations sportives qui ne reçoivent aucune aide financière de la mairie. Ainsi, interviewé par l’Equipe, l’adjoint aux sports Jean-Claude Paix reconnaît que « le haut niveau bouffe tout et que l’on ne donne pas assez aux petits clubs et associations qui oeuvrent tous les jours pour le sport ». Situation dans laquelle se reconnaît Chérif Kadi, président du club sportif Krav-Maga 31 [[Sport de combat tendance self-défense et combat au corps-à-corps venu d’Israël et notamment adopté par le GIGN.]]. Son club créé voici onze ans n’est toujours pas subventionné par la mairie. Pour lui, l’explication est simple : « ce n’est pas une discipline aussi reconnue que le judo ou le karaté ». Riche d’une centaine de membres, le club n’a pas de gymnase. « Je dois louer une salle à des clubs de sport. Pour ça je lâche chaque année entre 5000 et 6000 euros. Au niveau du budget c’est juste. 30% des cotisations servent à payer la location. Du coup elles sont chères, presque 300 euros » peste ce dernier. Un dirigeant sportif désabusé par la politique sportive de la municipalité et qui juge « politique » le choix d’attribution des subventions aux clubs. « Je demande simplement qu’on nous mette à disposition un gymnase » poursuit-il.
Ce nouveau statut dont jouit Toulouse va peut-être influer sur sa politique sportive afin de conserver son premier rang. Un rang que les petites associations « oubliées » ne manqueront peut-être pas de rappeler à la mairie, lors de la répartition des budgets à la rentrée prochaine.