Les Jeux Olympiques de Paris devaient marquer un tournant dans la politique sportive française, le budget du sport est une fois de plus sacrifié. Le projet de loi de finances 2025, adopté par un 49.3 de François Bayrou, prévoit une diminution de 268 millions d’euros par rapport à 2024, soit une baisse de 33 %. Une coupe drastique qui illustre un décalage entre les discours politiques et la réalité des moyens déployés.
Lors des JO, Emmanuel Macron vantait pourtant l’importance du sport comme levier d’intégration et de santé publique. Le 25 juillet 2024, à la veille de l’ouverture des Jeux de Paris, il déclarait : « Le sport c’est un objectif pour notre jeunesse, c’est un objectif pour améliorer la qualité de vie. […] continuer de développer des infrastructures sportives et d’investir dans le sport et la formation est absolument clé.. » Six mois plus tard, l’État coupe drastiquement les financements, symbole d’une dissonance entre le discours et les actions.
Cette baisse de budget se matérialise de différentes manières. La diminution des subventions allouées aux associations sportives locales pourrait fragiliser leur fonctionnement, limitant leur capacité à organiser des activités et à attirer de nouveaux adhérents. Moktar Mansouri, dirigeant du Football Club Bagatelle à Toulouse, ne cache pas son inquiétude : « Cette baisse d’investissement pour le sport va avoir d’énormes conséquences. Qui dit baisse de subvention dit augmentation du prix des licences. Certains enfants ne pourront plus faire de foot parce que cela va devenir trop cher. ».
Par ailleurs, le développement des infrastructures sportives risque de ralentir, avec des retards ou des annulations dans la création et la rénovation d’équipements prévus, notamment dans le cadre du Plan Génération 2024. Enfin, des programmes éducatifs et de santé, tels que les “2 heures de sport au collège” ou le Pass’Sport, pourraient être compromis.

“On a toujours fait de la débrouille, et on continuera”
Cette baisse budgétaire frappe en premier lieu les associations sportives locales, déjà sous tension. Moktar Mansouri du FC Bagatelle souligne également l’impact sur l’encadrement : « Même au niveau des dirigeants, le foot amateur a pris la mauvaise habitude de rémunérer des bénévoles. On ne pourra plus les payer et ils n’aideront plus. » Selon lui, l’avenir est sombre : « Avec des financements en moins, dans cinq ou six ans, il n’y aura plus de club. Et s’il n’y a plus de club de foot à Bagatelle, ça pourrait avoir des effets bien au-delà du sport.»
Pour le club de karaté de Toulouse Mirail, la situation est vu d’un autre œil. Christian Galot, responsable et fondateur du club en 1981, se dit résigné : « Nous n’avons droit qu’à 1 500 € de subventions de la part de l’Etat pour 100 à 150 adhérents par an. Le dossier de demande est tellement complexe qu’on ne les fait même plus. Ça représente 10 à 15 € par licencié par an, c’est risible. » Christian dédramatise et se dit que les associations sportives s’en sortiront : « Que ce soit une baisse de financement pour les infrastructures ou les subventions, ça ne va pas changer grand-chose. On a toujours fait dans la débrouille, et on continuera. »
Alors que la France avait pour ambition de devenir une “nation sportive”, cette coupe budgétaire risque d’accentuer les inégalités d’accès à la pratique. Moins d’infrastructures, des associations en difficulté, des jeunes privés de sport pour raisons financières : ce qui se joue dans cette réduction budgétaire c’est toute la place du sport dans la société. Cela fait 6 mois que la dynamique annoncée reste au point mort.