Le Gospel Praise Family fait une entrée remarquée sur la scène toulousaine, au sens propre, comme au figuré. Dès les premières secondes du show, le ton est donné : les choristes pénètrent dans l’arène en sautillant sur un rythme enjoué. Délaissé les traditionnelles robes noires des baptistes, éloigné pour un temps l’enceinte religieuse, les artistes – dont la majorité ne dépasse pas les 25 ans – rapent et bousculent le gospel, en toute décontraction. Les chorégraphies dynamisent des chants déjà très rythmés, « Une explosion de jeunesse » résume Françoise Forner, la chef de chœur.

Riche du respect des traditions, le renouveau d’un style

rougeetnoir.jpgSi leur répertoire met en avant le gospel contemporain urbain ou soul d’un Alvin Slaughter, ou d’un Kirk Franklin, il n’en oublie pas pour autant les origines d’un style vieux de plus de 70 ans, en y ajoutant quelques détours empruntés à son ancêtre : le negro spiritual. Le Gospel Praise Family retrace une histoire mouvementée. Les titres vont du gospel teinté de sons soul et funky (« Speak Lord » du pasteur Bishop Clarence Mc Clendon, « He reigns » de Kirk Franklin) au spiritual des fondateurs ( « Amazing Grace », « Oh happy Day »). « Ballades pop, gospel classique, soul, funky, ou même R’n’B ; en anglais, en français, ou en africain…, On est tous différents et on apporte chacun sa couleur » se félicite Françoise Forner.

Une petite famille

groupe1.jpgAu final, la mosaïque s’orchestre harmonieusement, portée par une technique soignée. Le cd se révèle comme l’aboutissement de cinq ans de travail amateur, à raison de trois heures de répétitions hebdomadaires, sans compter la centaine de concerts. « Une sacré aventure » relate Françoise.
Il y a encore cinq ans, à la naissance du groupe, ce petit bout de dame énergique n’aurait pu présumer un tel aboutissement. « L’aboutissement d’un rêve », confie-t-elle de sa voix douce, dans les coulisses du spectacle. En novembre 2002, la chef d’entreprise diplômée de musicologie, décide, avec son mari, d’organiser un casting sur la région. Elle auditionne une centaine de jeunes, à partir de quinze ans, pour n’en garder que 70. 15 se décourageront durant les premières semaines de travail. 40 resteront durablement, fidèles au message. « Des liens se sont tissés, nous sommes devenus une petite famille » s’amuse Florence, membre du groupe depuis les origines.

Car on n’adopte pas la chorale du Gospel Praise Family par hasard. Chaque concert s’organise autour du soutien à une association caritative. Et puis, « Quelqu’un qui ne se reconnaîtrait pas dans nos valeurs ne pourrait pas chanter avec la même force » tranche Françoise. Parmi les choristes interviewés, revient sans cesse le critère de la foi dans leur engagement. « On essaie de transmettre nos croyances » confie Florence. Au delà du message, ce qui ressort de leur prestation est la sincérité et la force de leur interprétation. « On chante avec le cœur » livre Florence, « Je me donne complètement à la chanson » ajoute Siméon. Ce soir au théâtre des Mazades, on comprend leur sentiment, lorsque « Joy Full » débute, et que les traits de la jeune soliste, Nathalie, prennent les airs douloureux d’une Nina Simone virtuose, vivant son interprétation par tous les pores de son corps… Et si la sincérité était un don ?