Un manège, des terrasses de café, une aire de jeux, des éclats de rire, rien ne semble pouvoir déranger l’ambiance bon enfant de la célèbre place Saint-Georges, pas même son passé bien souvent ignoré.

Quand on interroge les habitués sur l’histoire de leur havre, les réponses sont révélatrices : « aucune idée », « je ne sais pas du tout !» et quand enfin quelqu’un se risque à une proposition : « ça a un rapport avec la place Wilson ! ». Jamais l’idée d’un passé douloureux n’est évoqué. L’image de cette esplanade très fréquentée du centre ville semble donc définitivement attachée à son coté festif.

Pourtant depuis sa création au XIV° siècle où la place Saint-Georges faisait office notamment de marché, bien des tragédies s’y sont déroulées. La plus célèbre d’entre elles : l’affaire Calas. Un scénario digne des plus grandes productions cinématographiques.

Nous sommes alors au XVIII° siècle sous l’Ancien Régime. C’est dans un climat de fanatisme et d’intolérance religieux qu’éclate l’histoire. Le soir du 13 octobre 1761 Marc-Antoine Calas, fils du négociant et protestant Jean Calas, se pend au rez-de-chaussée de la maison familiale. La famille maquille ce suicide en meurtre et ment aux enquêteurs pour épargner au défunt la honte d’un crime contre soi-même. Influencé par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté du fils Calas de se convertir au catholicisme, les enquêteurs interrogent Jean Calas qui avoue sous la torture le meurtre de son fils avant de se rétracter. Jugé coupable par le parlement de Toulouse, il est condamné à la peine capitale. Selon l’arrêt de condamnation « l’exécuteur le conduira à la place St-Georges […] lui rompra et brisera bras, jambes, cuisses et reins ensuite l’exposera sur une roue […] son corps sera jeté dans le bûcher ardent […] pour y être consumé par les flammes et ensuite ses cendres jetées au vent ».

DSCN2636.jpgC’est ainsi que roué place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé vif deux heures plus tard sous les yeux d’une foule venue en nombre. En 1765, Voltaire parvient à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire.

Aujourd’hui, deux plaques commémoratives et un square nommé « Jean Calas » rappellent les souvenirs sanglants de cette place où certains innocents ont été victimes du fanatisme religieux. Comme si l’histoire était un perpétuel recommencement…