18e Festival de la Nuit du Slam à Toulouse : Scène spoken word. Crédits : Lorelei Lao


Ce samedi 22 mars, le collectif culturel Contre-Courant a mis à l’honneur l’art du slam à Toulouse. À l’occasion de la 18e édition du Festival de la Nuit du Slam, cette association s’engage à rendre accessible la culture pour tous, notamment pour les personnes sourdes et malentendantes.

16h, une cinquantaine de personnes se sont réunies pour s’immerger dans le monde du slam. Une poésie urbaine engagée, rythmée sur un fond musical et portée par des artistes de tous horizons. Dans la salle d’accueil de l’espace Roguet (Toulouse), des personnes âgées, des étudiants ou encore des parents accompagnés de leurs enfants attendent que la prestation débute. Pendant que des paroles résonnent dans la pièce, des gestes en langue des signes sont échangés entre plusieurs personnes. Les regards se posent sur des tableaux exposés, des brochures de préventions ou encore une grande affiche sur des gilets vibrants disponibles pour les intéressés.

Arrivés dans la salle de théâtre, les animateurs de la soirée introduisent le déroulement des spectacles. Ils insistent sur la démarche d’inclusion des personnes sourdes et malentendantes pour ce 18e festival. Au total, cinq interprètes sont présentes ce soir et assureront à tour de rôle chaque numéro de slam. Au centre de la scène éclairée, la première slameuse se plonge dans son récit et, juste à sa gauche, se tient Noémie, l’interprète qui l’accompagne. L’immersion dans l’univers du slam vient de commencer.

Le slam accessible à tous

Depuis des années, le festival de la Nuit du Slam s’organise pour inclure les personnes sourdes et malentendantes. Chaque représentation est accompagnée d’une interprète sur scène. Des gilets vibrants sont également disponibles gratuitement pour ressentir la musique à travers des vibrations, sans oublier des spectacles de chansignes : des chorégraphies en langue des signes rythmées par de la musique. Les artistes abordent également le quotidien des personnes sourdes et malentendantes dans leurs textes à travers des questions de solitude, de détresse, d’amour, d’amitié mais surtout d’expression.

Vinzslam est lui-même un artiste sourd. Passionné de rap depuis son enfance, il traduit de façon captivante des chansons de célèbres rappeurs tels qu’Eminem, Drake ou encore Scoop. Que ce soient des artistes amateurs ou certifiés, le public est au rendez-vous : « On peut découvrir des artistes qui sont en émergence avec des moments un peu plus vivants et un peu plus réels », explique Bastien, 47 ans, en souriant. « Nous sommes le deuxième festival hip-hop en France adapté à la culture sourde : tout est signé », expliquait Elise Delestré, chargée de production chez Contre-Courant, dans une interview pour la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) en mars 2025.

Une initiative qui « fait du bien au cœur »

Avant chaque numéro de slam, le public se dirige vers le bar et le stand de crêpes. Dans une ambiance chaleureuse et conviviale, ils échangent sur l’initiative d’inclure les personnes sourdes et malentendantes durant cette soirée. « Je trouve ça pratique pour que tout le monde puisse venir », explique Tess, 13 ans. « On peut découvrir de nouvelles manières de communiquer », ajoute sa grande sœur Tya, 23 ans.

En France, un adulte sur quatre est touché par une forme de déficience auditive selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), publiée en 2022. Une différence importante à valoriser selon Tya : « Plus il y a de personnes différentes, mieux c’est pour l’évolution de l’humanité ». Un clin d’œil qui ravit également Bastien : « C’est vrai que dans ce type d’événement, quand on les met un peu plus en valeur, je trouve que ça fait du bien au cœur ». Selon une estimation faite sur place, le Festival de la Nuit du Slam à Toulouse a rassemblé au total plus d’une centaine de personnes venues découvrir ou redécouvrir l’univers artistique et engagé du slam urbain.