Depuis mardi 17 mars à midi, l’attestation de déplacement dérogatoire est devenue obligatoire pour justifier toute sortie pendant la période de confinement. Mais attention aux tentatives d’escroquerie qui se multiplient.

Aller faire ses courses, se rendre chez le médecin ou encore aller au travail… Depuis le 17 mars, interdiction formelle de sortir de chez soi sans son attestation de déplacement dérogatoire. Le gouvernement a mis à jour le précieux sésame après une semaine de confinement: désormais il faudra également indiquer l’heure de sortie du domicile, pour éviter tout abus. Afin de s’assurer du respect de cette mesure, un dispositif a été déployé dans tout le pays : 100 000 policiers ou gendarmes veillent à ce que chaque personne interpellée possède ce justificatif. Et la sanction est lourde pour ceux qui ne respectent pas la règle. Il vous en coûtera au moins 135 euros d’amende si vous êtes contrôlés dans la rue sans cette précieuse dérogation.

Le document peut être téléchargé sur le site du gouvernement, ou recopié à la main sur une feuille vierge. Mais le ministère de l’Intérieur a été très strict sur un point : l’attestation ne pourra pas être présentée sur son smartphone. Contactée, la police nationale explique que « pour l’instant, l’attestation numérique n’est pas valable », relayant ainsi l’interdiction émanant du ministère de l’Intérieur. « Attention à vos données personnelles, n’utilisez pas de support numérique pour vos attestations. Seul le document officiel du ministère de l’Intérieur ou une attestation sur l’honneur sur papier libre peuvent être utilisés comme justificatifs. », peut-on lire sur le site du gouvernement dédié aux informations sur le Covid-19.

Gratuite et téléchargeable sur le site du gouvernement

Or depuis que l’attestation est obligatoire, les arnaques et escroqueries se multiplient sur les réseaux sociaux pour profiter de la situation. Plusieurs “générateurs d’attestation” non officiels ont par exemple été créés, dans le but de collecter des données personnelles sur les citoyens qui s’en serviraient. La promesse faite par ces sites frauduleux est de fournir une attestation à montrer sur son smartphone « pour ceux qui n’ont pas d’imprimante ». Le danger n’est pas immédiatement visible, mais les données personnelles (notamment la signature) peuvent ensuite être collectées par les escrocs et utilisées à des fins malveillantes.

Pas question non plus de payer pour remplir l’attestation de déplacement. Elle est gratuite et peut être remplie sur simple impression. Dans un post Facebook, la gendarmerie des Yvelines met en garde contre une escroquerie. « Cette attestation est GRATUITE et téléchargeable ! N’en achetez pas à 100€ sur un site de vente », précise la compagnie de gendarmerie. Le post précise que des escrocs sont déjà en cours d’identification par les cyber-gendarmes.

Le journal local Midi Libre rapporte qu’à Béziers, des personnes ont même profité de la situation pour vendre ces attestations gratuites 5 euros pièce. Les responsables ont été interpellés par la police. Plusieurs bureaux de tabac ont également proposé pendant les premières heures du confinement, des attestations à la vente.

La situation a fait réagir la CNIL, l’autorité administrative veillant au respect des libertés et de la vie privée sur Internet. Elle a rappelé qu’il n’existe que deux moyens d’obtenir une attestation valable : la télécharger sur le site du gouvernement ou la recopier à la main.

Un dispositif gouvernemental mis en place

Pour faire face aux tentatives d’escroquerie et de vol de données, le dispositif gouvernemental de lutte contre la malveillance en ligne a mis en ligne une liste de conseils destinée à inciter aux bonnes pratiques numériques.

On peut par exemple y lire de se méfier des messages (mail, SMS, chat…) ou appels téléphoniques d’origine inconnue ou inattendus. L’organisme conseille également de ne télécharger les applications que depuis les sites ou magasins officiels des éditeurs. « Dans le cas contraire, vous prendriez le risque d’installer une application piégée qui pourrait vous dérober vos informations personnelles ou bancaires, voire infecter votre machine avec un rançongiciel (ransomware) qui pourrait bloquer l’accès à votre machine ou chiffrer vos fichiers en vous demandant une rançon », détaille-il.