Le mouvement Un toit pour apprendre intensifie son action à l’approche de l’hiver. La saturation des centres d’accueil des demandeurs d’asile et la lenteur des procédures les obligent à redoubler de vigilance pour faire valoir le droit des familles à la rue.

C’est presque devenu une habitude ces dernières semaines. Dans le cadre de sa campagne lancée depuis moins d’un an, le DAL 31 (Droit au logement 31) multiplie les actions face au nombre croissant de familles dont les enfants scolarisés n’ont toujours pas de toit à la sortie de l’école. Après avoir effectué un rassemblement place du Capitole la veille d’Halloween avec leur slogan «un toit ou un sort », les membres du mouvement ont organisé un petit déjeuner devant trois écoles primaires du centre-ville de Toulouse ce jeudi matin.

L’occasion de sensibiliser les parents et les enseignants des écoles concernées, mais aussi de revenir sur les chiffres alarmants de l’exclusion face au logement. Selon les chiffres fournis par la Veille sociale de Toulouse, encore 85 familles soit plus de 300 personnes et 125 enfants n’ont toujours pas d’endroit où vivre le soir. Une situation qui agace le mouvement et qui met en avant l’immobilisme des autorités publiques.

« On déclenche des rendez-vous en préfecture en médiatisant la situation des familles. Mais quand nous sommes reçus en Préfecture, on traite les familles au cas par cas alors que c’est un problème global que l’on ne parvient pas à résoudre à la hauteur des personnes concernées », déplore Laurence Broom, parent d’élève à la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). « Actuellement, des familles campent tous les soirs devant le 115 sans solution d’hébergement. Avec ces conditions météorologiques, cela devient intenable. »

Un manque de volonté politique pointé par les associations

Au-delà de la gestion compliquée de l’ensemble des demandes d’hébergement d’urgence, c’est le suivi de ces personnes qui provoque la colère de certains membres du DAL 31. « Certains vont bel et bien obtenir un logement mais le droit au maintien à l’hébergement n’est pas respecté. Ils sont placés dans un hôtel pendant une semaine puis ils vont être remis dehors après ! », dénonce Paul De Bary, membre de l’association.

Après avoir passé plusieurs nuits dans la rue, cette famille albanaise a enfin pu retrouver un toit temporairement. (Photo : Francesco Carvelli)

La famille Brasha illustre parfaitement cette gestion ubuesque, arrivée d’Albanie il y a quatre mois de cela. « Nous étions hébergés dans un hôtel temporairement. Puis nous sommes restés à la rue pendant plusieurs jours sous la pluie et le froid avec mon fils de quatre ans. Désormais, on m’a trouvé une place en Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile, ndlr.) il y a une semaine et la situation s’est améliorée », raconte le père de famille.

« Je remercie l’association et la Préfecture pour cela, mais je lance un appel afin que le même sort soit reservé aux autres familles qui sont à la rue ».

Et c’est loin d’être un cas isolé. Depuis plusieurs jours, des tentes auraient été installées devant le 115 au 66 bis avenue Étienne-Billières où plusieurs familles campent sans solution d’hébergement. « On arrive à une situation complètement aberrante où c’est le DAL qui doit forcer la Préfecture à respecter le droit français. Il faut réaliser la situation dans laquelle on est arrivés ! », peste un militant du DAL 31.

C’est donc le tissu associatif qui cherche à prendre le relais en fonction de leurs moyens. « La semaine dernière, on avait trouvé un squat pour une famille. Ce matin à l’école Lakanal, une famille a donné une tente pour une famille. On en vient à se féliciter de donner une tente, vous imaginez ? », s’insurge un parent d’élève.