La ville rose s’est développée le nez en l’air, et depuis longtemps. Si l’aérospatiale est aujourd’hui l’une de ses activités fortes, c’est grâce à des décisions politiques prises dans les années 1960. Comment Toulouse est devenue notre poste avancé dans la guerre des étoiles ?

Une politique venue d’en haut

Au début des années 1960, Toulouse fait déjà autorité dans le domaine de l’aéronautique. Un double contexte va pousser les leaders français à en faire un pôle aérospatial :

– En pleine guerre froide, la conquête spatiale devient un enjeu militaire et symbolique fort. Tandis que Russes et Américains entament leur course à l’espace, le général De Gaulle – alors chef de l’Etat – lance la France sur leurs traces. Le Centre National d’Études Spatiales (CNES), coordonnant à l’échelle du pays toutes les activités liées à ce domaine, est créé le 19 décembre 1963. Son objectif : hisser la France au rang de puissance spatiale.

– C’est l’époque de la décentralisation : on cherche alors à valoriser les grandes métropoles en favorisant leur développement.

Parce qu’elle détient déjà un savoir-faire technique lié à l’industrie de l’aviation, la ville rose est choisie pour accueillir le fleuron de l’aérospatiale française.

Le grand exode vers Rangueil

Le 1er février 1968, le Centre Spatial de Toulouse est crée. Presque toutes les activités du CNES, auparavant menées à Brétigny en région parisienne, y sont progressivement transférées. Suivent de grandes écoles d’ingénieur, la même année : l’École Nationale de l’Aviation Civile (ENAC) et l’École Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace (SUPAERO).

La recherche suit le mouvement lorsque le CNRS installe une antenne à Toulouse. D’autres grands centres de recherche comme l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) s’installent aussi dans le même quartier. Cette diaspora n’échappe pas non plus aux industriels qui y voient une occasion d’associer leurs activités à la recherche de pointe : Zodiac, Alcatel…

Tout ce beau monde s’installe dans le même quartier, à Rangueil et ce déplacement génère plus de 9000 emplois. Résultat : Toulouse concentre en un même lieu à la fois la matière grise, le soutien politique et les moyens financiers. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’elle devienne le fer de lance français de la conquête spatiale.