Sorti acheter du pain il y a neuf mois, il est pris dans une manifestation. Touché par une grenade lacrymogène à la tête, il tombe dans le coma. Berkin Elvan avait 15 ans, il est mort le 11 mars dernier à Istanbul.
Sa mort a réveillé l’esprit des manifestations du printemps 2013 en Turquie. Des centaines de milliers de personnes sont venues assister à ses funérailles en réclamant des comptes au premier ministre Tayyip Erdoğan. Sa réaction ? « Ce jeune faisait partie d’une organisation terroriste », a-t-il accusé. Les manifestants ont eux manié la symbolique en se figeant, une baguette de pain à la main, en mémoire de Berkin.
Tayyip Erdoğan, accusé de corruption, tente de diviser par la violence des mots tandis que l’opposition veut mobiliser avec esprit et inventivité. Dans un camion de police, des jeunes Turcs arrêtés lors de manifestations, ont par exemple improvisé un « selfie » qui a fait le tour des réseaux sociaux. Une photo symbole, parodie du cliché des stars américaines aux Oscars, qui a amusé Twitter. Principal relais de la contestation turque, le site de microblogging a été fermé sur décision du premier ministre le 21 mars.
L’interdiction a été vite détournée par les utilisateurs débrouillards de Twitter (12 millions de personnes en Turquie). Les tweets ont même augmenté de 138%, la plupart pour relayer caricatures et autres slogans anti-gouvernementaux. Le pouvoir paranoïaque d’Erdoğan semble perdre la tête tandis que l’opposition gagne les cœurs. Elle n’est décidément pas prête de se taire en Turquie, toujours portée par la subversion et l’imagination.