On appelle ça du mommy-porn, et pourquoi s’en cacher, ça titille la curiosité. Si 40 millions de femmes ont déjà frissonné en tournant les pages de « Fifty Shades of Grey » outre-Atlantique, pourquoi pas nous?
Mais, frissonner de plaisir ou de mépris? Telle sera la question pour le lectorat français.

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Cinquante nuances de Grey, le best-seller d’Erika Leonard James a envahi les librairies françaises. Avec déjà 80 000 exemplaires vendus dont 40 000 le jour de sa sortie depuis mercredi dernier, il semblerait que le succès du roman anglo-saxon s’installe aussi chez nous. Mais phénomène de curiosité, ou véritable révélation littéraire? L’avis des lectrices nous le dira.

Ceci n’est pas une romance

Certes c’est l’histoire d’Anastasia, jeune étudiante prude et vierge de 21 ans qui tombe amoureuse de Christian Grey, ténébreux milliardaire de huit ans son ainé. Jusqu’ici la romance idéale, qui comme on peut s’en douter finira bien. Mais, non, Fifty Shades of Grey ne fait pas partie de ce genre littéraire anglo-saxon du XXe siècle qui conte les tergiversations psychologiques et les émois de deux amants tout en délicatesse.

Non, car Christian Grey n’est pas vraiment fana du « sexe vanille« , et il a la ferme intention d’initier notre jeune pucelle à ses pratiques pas toujours « catholiques ». Bondage, sadomasochisme, tortures en tous genres sont donc au programme. Du pain béni pour les « Desperates Housewives » en manque de frivolité dans une Amérique encore puritaine qui s’arrachent le livre et le savourent tel le fruit interdit.

Cendrillon pour les grands

On nous promet du trash, du sexy, du pervers, certes les scènes sont explicites et crues, mais pas de quoi sauter au plafond à l’heure où internet nous offre à voir du sexe bien plus que de raison.

En revanche, bien plus écoeurant et provoquant dans ce best-seller , c’est la naïveté, voire la bêtise de l’héroïne. A 21 ans, Anastasia (n’était-ce d’ailleurs pas une princesse russe?) attend son prince charmant comme dans un bon Walt Disney. Et parce qu’elle cherche l’amour, le vrai, elle est prête à tout accepter de son amant-bourreau. Piètre image de la femme soumise, soumise pour son plaisir à lui, en attendant mieux pour elle.

Comme le soulignent les critiques, nous sommes en plein complexe de Cendrillon, où la jeune fille attend son homme, la bouche en coeur et les yeux écarquillés, prête à dire Amen à chacun de ses fantasmes. Alors, non, Fifty Shades, n’a rien d’excitant.

Un style déroutant

Une telle faiblesse d’esprit, serait-ce un exercice de style ? Une volonté de la part de l’auteur de présenter son héroïne en victime ? Apparemment pas, à en voir l’écriture.

« Je sens son odeur de linge frais et de gel douche. C’est enivrant. Je la hume goulûment. » […] « Mon cœur menace de m’étouffer parce qu’il est dans ma gorge en train d’essayer de sortir par ma bouche. »

« Putain qu’est-ce qu’il est sexy »

« Bon sang qu’est-ce que c’est érotique. »

« Mon propre sourire est faible, car je suis aveuglée par le sien : Icare, volant trop près du soleil. » […] « Ma conscience, furieuse, à l’air de Méduse avec ses cheveux qui volent dans tous les sens ou bien du « Cri » d’Edward Munch avec ses mains pressées sur ses joues. »

Et dans la bouche de Roselyne Bachelot c’est encore plus savoureux:

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