De récentes études publiées par l’INSEE révèlent que la plupart des étudiants qui privilégient les études courtes font partie des milieux les plus défavorisés. Certains élèves seraient forcés de choisir ces cursus « accélérés » pour entrer plus rapidement sur le marché du travail et subvenir à leurs besoins.
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Élargissons l’échantillon. Bien évidement chaque année, ces formations courtes accueillent leur lot de satisfaits: entre les amoureux du travail manuel et les élèves en manque de concret, les candidats sont nombreux et beaucoup font leur choix librement. Mais ne jouons pas les démago, à la course aux diplômes, nous ne sommes pas tous égaux. Du fils à papa au petit dernier d’une famille de smicard, le quotidien universitaire est avant tout une affaire de gros sous.

Victimes d’un bac +2 ?

Si les CAP, BTS et DUT des établissements publics ont la cote, ce n’est pas seulement parce qu’ils proposent des formations abouties, mais aussi parce que ces dernières permettent d’intégrer le monde du travail en seulement deux ans. Résultat : un salaire qui doit donner à ces jeunes diplômés, les clefs de leur liberté ! Il est d’ailleurs vrai que ces cursus spécialisés dotent les élèves d’un bon bagage, mais pourquoi leur mentir ?
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Un constat reste évident. Face aux ingénieurs munis d’un master ultra-coté ou des doctorants campés sur leurs sept ans d’étude, les bac +2 font peu le poids. On leur réserve en général des emplois moins bien payés et les promotions sont moins nombreuses.

« Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance »

De grands magnats de la Business Academy, parmi lesquels Bill Gates, François Pinault, Amancio Ortega s’en sont sortis haut la main en sautant la case Doctorat. Mais au quotidien, les études courtes, si elles apparaissent comme une roue de secours, peuvent vite devenir un cercle vicieux.
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En dépit des programmes qui favorisent l’égalité des chances, les élus sont en réalité trop peu nombreux, et l’éducation à deux vitesses reste une réalité: courte pour les moins bien lotis, longue et dense pour les nantis.
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On peut d’ailleurs se demander: favoriser chez les élèves, parfois dès le collège, le choix des études courtes quand cette perspective n’est pas souhaitée, n’est-ce pas entretenir les inégalités sociales contre lesquelles lutte l’École de la République ? Pire ! Expédier sur le marché du travail des jeunes formés dans le seul but d’intégrer au plus vite le monde des actifs, n’est-ce pas brader la culture au nom d’impératifs économiques qui ne sont décidément jamais les mêmes pour tous ?

Après tout, « ce qui fait que le système marche, c’est la méconnaissance collective » comme disait Bourdieu.