La réalisatrice Emilie Jouvet était présente à l’Utopia vendredi 11 février pour la présentation de son second long-métrage au public toulousain. L’accueil a été enthousiaste.

Peut-on filmer des corps nus et des scènes explicites sans faire de la pornographie ? Etre homosexuelle et ne pas se reconnaître dans les clichés du « garçon manqué »? Avoir une sexualité hors des normes générées par la « domination masculine »? Avec « Too Much Pussy, Feminist sluts in the queer X show », Emilie Jouvet brouille les genres et interroge.

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Conçu comme un road-movie, le projet de la jeune cinéaste suit la tournée de la troupe d’artistes-performeuses du « Queer X Show » sur les routes européennes durant l’été 2009. Venues d’horizons différents, allant de la littérature (Wendy Delorme) au monde du X (Madison Young, Judy Minx) en passant par l’univers musical (Dj Metzgerei) et de la performance (Mad Kate, Sadie Lune), les femmes réunies à l’occasion du film vont de ville en ville à bord d’un van, où elles jouent leur spectacle. Ces représentations, faites de performances plus ou moins explicites teintées de burlesque, sont accompagnées de scènes semi-scriptées et de discussions entre les actrices, donnant à l’œuvre la forme d’un documentaire.

« Un bol d’air frais »

Cette configuration permet de « montrer la sexualité sous tous ces aspects, que ce soit sur scène, en privé ou dans les discours », raconte Emilie Jouvet, lors du débat après la projection. Elle qui se décrit comme une militante « lesbienne, féministe et pro-sexe », déclare avoir voulu avant tout témoigner d’une « aventure collective » dont les protagonistes, souvent mal vues, font un métier se rapportant à la sexualité. « C’était un genre de loft-story itinérant » plaisante Wendy Delorme, actrice et co-productrice du film, également présente pour le débat.

Si la nudité est très présente, les scènes renferment également de bonnes doses d’humour et témoignent d’une recherche esthétique, dépassant ainsi la simple provocation. La gravité n’est pas exclue, comme dans cette scène où la troupe se rassemble en hommage aux victimes de l’attentat contre un centre homosexuel de Tel-Aviv, le 1er août 2009.

A la sortie de la séance, les réactions sont positives : « C’est un bol d’air frais », déclare Anne, la vingtaine, relayée par Nadine, Danielle et Martine, féministes de la première heure, qui rappellent que « ça n’était pas comme ça à l’époque ». Emilie Jouvet, elle, se réjouit que les plus jeunes spectateurs ne soient « pas choqués par la problématique de l’homosexualité ».