A J-11 du scrutin, des facteurs moins connus pourraient jouer un rôle déterminant dans le résultat final de cette élection à suspense.

Le poids des « petits » candidats

Il n’y a pas que John McCain et Barack Obama à faire campagne. A côté des deux champions des partis démocrate et républicain, d’autres candidats, dont on ne parle presque jamais peuvent peser sur cette élection 2008.

Ralph Nader, 74 ans : éternel « outsider », le défenseur des consommateurs, parfois tenu pour responsable de l’échec du démocrate Al Gore face à George W. Bush en 2000, s’est lancé dans sa cinquième campagne présidentielle comme « indépendant ». Il sera présent dans au moins 29 états .Barack Obama pourrait souffrir de la présence de ce candidat dans des états disputés comme le Michigan où vit une forte communauté d’Américains d’origine arabe, Nader étant d’origine libanaise.

Cynthia McKinney : Les Verts américains ont choisi comme candidate à la présidence une femme noire et représentante démocrate de la Géorgie au Congrès (1993-2003). La candidate écologiste sera présente dans au moins 24 états et sa candidature pourrait également handicaper Obama en le privant de voix de féministes et de pacifistes.

Bob Barr: il a été l’un des chefs de file des conservateurs les plus pugnaces dans la procédure de destitution lancée contre l’ancien président Bill Clinton. Mais, attaché aux libertés individuelles, il a rompu les ponts avec l’administration Bush après la mise en oeuvre de la loi antiterroriste « Patriot Act ». Le Libertarien Barr sera en lice dans au moins 34 Etats dont plusieurs « swing states » cruciaux, comme l’Ohio ou le Nevada où il pourrait gêner John McCain.

Un candidat d’un petit parti n’a pas besoin d’avoir des résultats à deux chiffres pour semer la pagaille. L’histoire montre que les petits candidats peuvent réaliser un gros score. Les 90 000 voix récoltées par Nader en Floride furent un facteur essentiel dans cette élection qui vit George W. Bush l’emporter dans cet état de seulement 500 voix.
Rien n’est joué et il est possible qu’un candidat d’un petit parti fasse pencher la balance d’un côté ou de l’autre, comme en l’an 2000.

Le possible « effet Bradlley »

Un scénario cauchemar hante les partisans du candidat Obama: voir ce dernier, qui mène dans les sondages, être battu le soir de l’élection du 4 novembre. En dehors de l’impact des résultats des petits candidats, il se pourrait en effet qu’un petit pourcentage décisif d’électeurs blancs qui s’étaient déclarés en faveur de Barack Obama dans les enquêtes d’opinion ait profité de la confidentialité de l’isoloir pour basculer dans l’autre camp. En cause ? Sa couleur de peau. Ce phénomène porte un nom aux Etats-Unis: «l’effet Bradley».

Il s’agit d’une allusion à l’ancien candidat afro-américain au poste de gouverneur de Californie Tom Bradley, battu en 1982 alors qu’il était donné vainqueur par les sondages. Sa défaite avait surpris beaucoup d’observateurs qui avaient conclu que de nombreux électeurs blancs n’avaient pas répondu avec honnêteté sur leurs intentions. Depuis, les instituts de sondage s’efforcent de prendre en compte ce facteur lorsqu’ils analysent des élections où figurent des candidats noirs. Les analystes politiques relativisent et soulignent que depuis les années 1970, les enquêtes montrent une nette diminution du nombre d’électeurs déclarant qu’ils ne voteraient pas pour un Noir à la présidence.

D’autres récents sondages indiquent que la couleur de peau d’Obama est moins considérée comme un obstacle que l’âge de McCain, qui serait à 72 ans le président élu le plus vieux de l’histoire des Etats-Unis. Les experts remarquent aussi que ceux qui sont dérangés par le fait que Barack Obama est un noir (métis en réalité, une notion qui n’existe pas aux Etas-Unis) ne voteraient probablement pas démocrate de toute façon. Les électeurs blancs du Sud votent majoritairement républicain depuis des décennies, alors que les électeurs noirs se rangent derrière la bannière démocrate.