Avec le grand retour de l’économie dans la campagne présidentielle, Barack Obama prend de l’avance sur John McCain, peut-être de manière décisive. En cas de victoire, l’euphorie sera cependant de courte durée tant les défis à relever sont importants. Mais si à deux semaines des élections, la crise financière est au cœur de la campagne, des enjeux internationaux de taille attendent le prochain président.

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Zoom sur l’économie

Pour la moitié des électeurs au moins, c’est l’économie qui compte dans cette campagne, loin devant l’Irak ou le terrorisme, terrains sur lesquels McCain semble plus à l’aise. Ce n’est pas une surprise ; lorsque le pays fait face à une crise économique et sociale, le candidat démocrate a généralement l’avantage. Cette tendance est d’autant plus marquée que Barack Obama en a fait, dès les Primaires, son principal objectif, tandis que John McCain avouait dans le même temps ne pas être un grand expert de l’économie, avant de commettre des erreurs de communication, comme quand il expliquait que la crise est « dans la tête des Américains ». Le camp démocrate en profite pour railler l’inexpérience du sénateur de l’Arizona sur ce qui constitue, à n’en pas douter, la priorité de la future administration.

Les grands enjeux de la politique extérieure américaine

Cette semaine, c’est la crise financière qui a pris le dessus. Mais il est possible que d’autres thèmes refassent surface, notamment l’Irak ou l’Afghanistan. Il y a beaucoup de soldats américains dans ces pays, donc ce sont des sujets très sensibles. La gestion de la guerre contre le terrorisme restera quoi qu’il se passe l’un des grands défis du prochain président américain.

Les différences…

La différence se situe dans les méthodes pour arriver à maintenir ce rôle de leader. Obama mise clairement moins sur la puissance militaire. Pour lui, c’est la diplomatie et la puissance économique qui aideront les Etats-Unis à garder leur importance.
Au contraire, McCain est plus traditionnel car il estime que la puissance militaire reste le moyen le plus important pour les Etats-Unis d’exercer leur puissance. Ici, on assiste également à un conflit de génération. D’un côté, on a le vétéran du Vietnam, très marqué par ce conflit et par la Guerre froide. Et de l’autre, on a Obama, qui avait 14 ans quand la guerre du Vietnam s’est terminée.

Il y a un débat actuellement aux Etats-Unis sur l’importance de l’Irak et de l’Afghanistan. Pour Obama, l’accent doit être mis sur l’Afghanistan et sur le Pakistan et pour McCain, c’est l’Irak qui est primordial.
Pour Obama, l’Irak n’est pas en lien direct avec le terrorisme. Ce sont l’Afghanistan et le Pakistan qui sont les « quartiers généraux » du terrorisme, à cause des talibans et de Ben Laden. Pour lui, l’invasion en Irak était une erreur et il souhaite en finir au plus vite.

L’image des Etats-Unis

Sur la scène internationale, Barack Obama a promis d’offrir un meilleur visage des Etats-Unis. Après huit ans de dégradation très nette de l’image de Washington à l’extérieur, deux visions du monde ont émergé: la première, qui est très vivace en Europe, est inspirée par un sentiment anti-Bush très fort. En parallèle, beaucoup pensent que la puissance américaine est en train de décliner et ce sentiment est exacerbé par la crise financière. Ceux-là estiment que les Etats-Unis ne pourront plus garantir la sécurité mondiale avec leur seul pouvoir militaire. Le principe qui voulait que le monde soit unilatéralement dirigé par les Etats-Unis semble remis en question. Peut-être se dirige-on vers un plus grand équilibre des forces.

Ce qui comptera le plus pour être élu

Il semble à l’heure actuelle que c’est la crise financière qui décidera du président. Durant les campagnes, on parle beaucoup de politique extérieure, mais c’est la politique intérieure qui compte. Seule 15 à 20% de la population est hésitante sur son vote et se demande qui dirigera l’économie de la manière la plus efficace et responsable. Et là encore, l’avantage est du côté d’Obama car il peut argumenter qu’il a des solutions nouvelles, alors que McCain a soutenu la politique économique de Bush.

Après le 4 novembre

Une chose est sûre : le futur président aura de grandes difficultés à inverser une tendance qui semble pousser irrémédiablement les Etats-Unis vers une crise profonde et longue, et n’aura pas le temps de célébrer la victoire, tant la tâche est immense. Certains analystes évoquent même, à juste titre, une nécessaire nouvelle « révolution américaine », après le « New Deal » de Roosevelt. Une « révolution » économique et sociale, avec des mesures qui devront impliquer un soutien de l’ensemble de la classe politique. La future présidence américaine sera, par nécessité plus que par choix, celle d’un consensus national. Et Barack Obama semble incarner au mieux ce consensus, y compris à l’extérieur des Etats-Unis, où il a souvent la préférence. Car alors que la crise est devenue quasiment mondiale, il propose une autre politique au niveau économique mais également diplomatique, il porte une autre vision des Etats-Unis et est considéré comme mieux à même de conduire les changements nécessaires.