Depuis vendredi 11 janvier, la culture des OGM est suspendue sur l’ensemble du territoire français : le gouvernement a activé la clause de sauvegarde. Jusqu’à présent 20 000 hectares de maïs OGM, de type Mon 810, étaient semés en France, dont 18 000 en région Midi-Pyrénées. La Charte de l’Environnement invitait dès février 2008 à « l’adoption de mesures provisoires et proportionnées ». En effet les études scientifiques ne permettent pas d’évaluer à long terme les dommages possibles sur l’homme et l’environnement. (1)

« On a gagné une étape, mais on n’a pas gagné le tour de France », estime Jacques Dandelot, faucheur volontaire toulousain. Cet enseignant de 57 ans s’est investi dans le Collectif 31 pour lutter contre la culture des OGM depuis 2001. Il espère que l’activation de la « clause de sauvegarde » aboutira à un moratoire, puis à des lois d’interdiction de production et d’importation d’OGM.

Ces Organismes Génétiquement Modifiés, ou Manipulés, sont définis par le Parlement Européen comme « organisme, à l’exception d’êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou recombinaison naturelle ». Ceci permet à des végétaux de développer des qualités propres à d’autres êtres vivants. Le maïs Mon 810 est ainsi programmé pour résister à certains insectes. Par ailleurs, il grandit plus rapidement, nécessite moins de soins et offre donc un meilleur rendement. Une publicité vante la résistance aux ravageurs, aux virus, aux herbicides, aux sécheresses et aux basses températures. Ces qualités sont appréciables pour certains agriculteurs. Ils qualifient ces OGM de « clé pour l’avenir de l’agriculture ». Pour le moment, le seul que l’on puisse cultiver en France est le maïs Mon 810 à destination animale. Les autres OGM sont importés majoritairement d’Amérique Latine. Pourquoi alors ce ramdam des faucheurs d’OGM, qui viennent piétiner grossièrement des parcelles, avec aux lèvres un discours de boy-scouts indignés ?

les collectifs anti-OGM s'unissent pour exiger un moratoire

Faucheurs volontaires, des lanceurs d’alertes ?

L’évaluation de l’impact des OGM sur la santé humaine et animale reste floue et les rapports scientifiques sont réservés. « On n’a que des doutes, et aucun recul sur le sujet », résume Jacques Dandelot. Plus de 70 % des consommateurs seraient contre le fait de consommer un produit ayant rapport de près ou de loin à un OGM. Deux raisons qui incitent les faucheurs à braver la loi, en piétinant et en fauchant la morne inconscience de leurs contemporains.

Les arguments de ces quelques 6 000 Français « anti-OGM » ont longtemps moins pesé dans la balance que la force économique des multinationales semencières comme Pioneer, Monsanto, Sygenta et Biogemma. Pour être entendus, des Français et Françaises particulièrement inquiets ont fait acte de désobéissance civile et civique en piétinant ou arrachant des plans, au grand dam d’agriculteurs semeurs d’OGM. « Quand on prend cet engagement, c’est loin d’être neutre », rappelle Jacques Dandelot. Arrêté, un faucheur risque amende, prison et remboursement. José Bové a ainsi été condamné à 4 mois de prison ferme pour destruction de champs OGM. Bien d’autres condamnations sont en cours.

Peut être qu’un jour on leur dira merci ?

(1) Le Ministère de l’écologie, de l’Environnement et de l’Aménagement durable a rédigé une charte de l’environnement le 28 février 2005. L’article 5 stipule que « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertain en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »