030507_1921_0001_xshsw.jpgLe 6 octobre dernier, le Conseil municipal de Toulouse votait l’arrêté anti-camping. Il interdit la pratique du camping sauvage dans les zones vertes de Toulouse, sur les berges du Canal de Midi et de la Garonne et sur l’Ile du Ramier. Et vise principalement les Sans Domicile Fixe. En réaction, un collectif de SDF s’est mobilisé, lundi 30 octobre, autour d’une « grève de la faim » place du Capitole. Une décision qui intervient après une rentrée mouvementée.

Il y a deux ans, dans le cadre du plan Grand Projet de Ville, la Mairie de Toulouse a mis en place un « renouvellement urbain » qui s’est traduit, entre autres, par le remplacement du mobilier (substitution des bancs traditionnels par des bancs deux places, grilles empêchant l’accès aux porches…). Pour protester contre ces changements, un mouvement de rébellion de SDF s’était alors organisé.
Suite au décès d’un étudiant de 26 ans originaire de Vannes (Morbihan), battu et jeté dans la Garonne du haut du Pont Neuf par un groupe de SDF le 12 septembre à Toulouse, des jeunes sans abris ont organisé un sitting rue de Metz afin de rendre hommage à la victime, et d’éviter la généralisation d’un « acte isolé ». Ils déclarent ainsi avoir voulu dénoncer « la récupération politique d’un fait divers tragique légitimant une politique agressive à l’égard de ceux qui dorment dehors ».

Eloigner les SDF du centre ville

Le 25 septembre, peu après ces évènements, Jean-Luc Moudenc a été reçu par le ministre de l’Intérieur pour un entretien concernant «la marginalité agressive». Il s’en est suivi l’affectation de Jean Diebold à la délégation municipale pour lutter contre la marginalité agressive. Et le vote de l’arrêté anti-camping sauvage.
Depuis «c’est la chasse aux squats et à tous les gens qui campent», «on est en train de se faire manger de l’intérieur», «il y a une pression permanente de la police» expriment des SDF et des citoyens solidaires du mouvement. C’est dans cette ambiance qu’une dizaine de SDF ont entamé une grève de la faim, rejoint par d’autres pour un sitting place du capitole – à défaut d’être assez nombreux pour manifester. Puis, le directeur de cabinet du préfet a reçu des représentants du collectif SDF de Toulouse afin de les entendre. La rencontre n’aura rien donné.

Depuis, la Mairie a mis gratuitement à la disposition « des plus démunis » un terrain municipal de 5500 métres carrés pendant toute la durée de la période hivernale, comme l’a annoncé le maire. Situé à côté du camping municipal Rupé, à 5km au nord du centre ville et desservi par le bus 59, ce terrain éloigne les SDF du centre de la ville rose.
Pour Jean-Luc Moudenc, « cette décision permet de concilier notre volonté de solidarité vis-à-vis des populations les plus fragiles ». Pour une éducatrice spécialisée qui travaille avec les SDF, «il faut prendre le problème aux racines, ce n’est pas la peine de planquer la misère ».
Le collectif, quant à lui, parle d’une « asseptisation de la ville » et d’un « nettoyage de SDF ». « Des appartements nous auraient suffi » ironise Jean-Marc, porte-parole du collectif et membre du GAF (Groupe Amitié Fraternité). « Notre but est de défendre la place des SDF dans les villes, car c’est le lieu où c’est encore le moins pénible de vivre ».

Nouveauté lundi dernier sur le site de la Mairie, un article consacré à l’espace social du Grand Ramier et au 115, numéro d’urgence pour les sans-abri. Le même soir, des sans domicile fixe cessaient leur grève de la faim, mais se rassemblaient plus nombreux pour débattre et réfléchir aux actions et aux mobilisations à mener. «Des gens de la rue, on n’attend rien, on n’attend pas d’eux qu’ils réfléchissent et qu’ils s’organisent» constatait l’un d’entre eux. Et pourtant.