Année après année, la rose reste la star des ventes au moment de la Saint-Valentin. Son importation en France à cette période de l’année n’est pourtant pas sans causer des problèmes d’ordre écologique.

Ce sont 1 million de fleurs qui sont vendues en France chaque année à l’occasion de la fête des amoureux. Un succès qui fait le bonheur des fleuristes. « La Saint-Valentin est un moment important pour le chiffre d’affaires, témoigne Jérémy, fleuriste à Toulouse. Cette année en particulier, on a connu une affluence record. » 

Parmi les fleurs les plus offertes, la rose – essentiellement rouge – occupe la première place, avec environ 600 000 ventes pour le seul jour du 14 février. Le symbole romantique derrière cette fleur, qui était la préférée d’Aphrodite, la déesse de l’amour, en a fait une véritable tradition, comme le souligne le commerçant : « La rose se vend énormément, parce que c’est culturel et très ancré. Il faudrait des années pour essayer de changer les pratiques de chacun. »

Une fleur de contre-saison

Une coutume qui n’est pourtant pas sans conséquence. Car si les roses remportent un franc succès au mois de février, elles ne fleurissent en France que de mai à octobre. Les roses achetées à l’occasion de la Saint-Valentin ne sont par conséquent pas cultivées sur le sol français. D’après le bilan annuel de l’office FranceAgriMer, rattaché au ministère de l’Agriculture, en 2022, les roses représentaient 43% des importations de fleurs fraîches. 

Parmi les pays exportateurs à destination de la France, les Pays-Bas arrivent en tête, avec 74% de part de marché. D’après Marc, horticulteur au sud de Toulouse, « cultiver des roses nécessite environ 17h de soleil par jour. Or cela est impossible en plein hiver. Les producteurs hollandais utilisent donc des serres chauffées munies de lampes au sodium qui produisent de la lumière artificielle 24h/24. »

Le Kenya, exportateur de roses en France

Une consommation énergétique très importante, qui donne à voir des chiffres étonnants. Ainsi, d’après une étude de l’université britannique Cranfield publiée en 2007, une rose cultivée aux Pays-Bas produirait six fois plus de C02 qu’une rose provenant du Kenya

Le pays d’Afrique de l’Est apparaît en deuxième position du classement des pays exportateurs. Les roses y sont importées en avion avant d’être acheminées vers les Pays-Bas, qui les redistribuent ensuite aux pays européens. L’empreinte carbone n’est pas le seul problème de ces importations, comme le souligne Marc : « Certains produits utilisés au Kenya pour traiter les fleurs sont interdits en Europe de par leur dangerosité et l’eau est souvent polluée autour des serres. »

Des normes environnementales, sanitaires et sociales différentes

Le bilan est également loin d’être rose lorsque l’on aborde le sujet des conditions de travail des ouvriers kényans, qui sont majoritairement des ouvrières. Selon l’horticulteur : « En France, on porte des masques et des combinaisons quand on traite les fleurs. Ce n’est pas toujours le cas au Kenya, alors même que des produits dangereux pour la santé sont utilisés. » Sans oublier la main-d’œuvre à bas prix, dont profitent les entreprises de revente. Ainsi, le coût du transport en avion ne représente presque rien face aux profits financiers des firmes.

Reportage Geo sur les conditions de travail des ouvrières kényanes dans la production de roses

L’Équateur n’est pas en reste en termes d’exportations de roses (mais aussi de problèmes sanitaires). Une situation qui s’explique par la longueur des journées dans ce pays d’Amérique du Sud. En 2020, ce sont plus de 500 tonnes de roses qui ont été exportées vers la France. Un succès national, puisque d’après des chiffres relayés par Le Point, en 2021, la culture de roses a rapporté 927 millions de dollars, ce qui en fait la quatrième source de revenus équatoriens. Une production qui est là aussi acheminée par avion jusqu’en Europe.

Acheter d’autres fleurs que les roses, c’est possible !

Face à ce non-sens écologique et sanitaire, il convient de s’interroger sur les raisons de ces importations. Pour Jérémy, fleuriste toulousain, la réponse est sans étonnement d’ordre économique : « Certains fleuristes refusent de mettre les roses en avant. Mais il y a la réalité du marché. Les gens demandent de la rose tout le temps et sont assez frustrés quand il n’y en a pas. » Ajoutant : « Vendre uniquement de la fleur de saison et locale, c’est possible, mais ça limite énormément le choix de fleurs pour la clientèle. »

Parmi les fleurs de saison à cette période de l’année : anémones, tulipes, renoncules ou encore amaryllis. Autant d’alternatives qui peuvent être choisies par les amoureux à l’occasion du 14 février, tout en gardant en tête une conscience écologique. D’autant plus qu’ « il y a une volonté d’être original, surtout chez les jeunes, qui cherchent à éviter à tout prix la rose », témoigne le fleuriste. Une raison de plus, si vous en doutiez, d’offrir à votre Valentin ou Valentine des fleurs de saison.

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