Après une annonce contestée au début du mois de janvier 2023, la ZFE toulousaine continue de soulever des inquiétudes et la grogne sociale ne s’apaise toujours pas. Entre assouplissement des conditions pour obtenir une prime, pass ZFE et absence de contrôle par la police municipale, difficile de s’y retrouver. On fait le point sur la situation.

Le Conseil de la Métropole a voté jeudi dernier de nouvelles aides concernant la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE) à Toulouse. Pour aider ceux qui doivent changer de moyen de transport, les conditions d’obtention d’une prime ont donc été élargies. Les utilisateurs de voitures en autopartage, c’est-à-dire en libre-service, seront éligibles à une aide de 1 000 euros maximum, sous condition de ressources. Les motards, qui se sentaient jusqu’alors délaissés par la municipalité, pourront désormais bénéficier d’une aide jusqu’à 500 € s’ils remplacent leur deux-roues par un modèle plus récent, classé Crit’Air 0 ou 1.

Ces aides ont un effet immédiat et s’ajoutent à celles déjà mises en place par l’État et la région Occitanie. Une façon pour la métropole de tenter de calmer la grogne sociale qui émane de nombreux habitants depuis l’annonce de la ZFE. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2023, les voitures catégorisées Crit’Air 4, 5 et non classées, soit les diesels mis en service avant 2006 et les essences immatriculées avant 1995, ne peuvent plus circuler à l’intérieur du périphérique toulousain.

Un autre dispositif mis en place le 25 janvier dernier connaît déjà un grand succès, preuve du nécessaire support des pouvoirs publics auprès des habitants. Comme une dérogation, le pass ZFE permet aux véhicules interdits de circuler à l’intérieur de la zone 52 jours par an, ce qui équivaut à une fois par semaine environ. Il concerne ainsi les petits rouleurs, comme les retraités, qui ne souhaitent pas souscrire un crédit pour acheter un véhicule plus propre. En un mois, plus de 2 000 demandes ont déjà été recensées sur le site de la métropole et les dérogations continuent d’être distribuées.

Une nouvelle mission pour Jean-Luc Moudenc

Plus récemment, Jean-Luc Moudenc, le maire de la ville, a été nommé par le gouvernement à la tête d’un groupe de travail sur la mise en place des ZFE et leur acceptabilité sociale et territoriale. Contactée, la municipalité explique que « l’objectif est de faire des propositions pour améliorer les modalités de mise en œuvre des ZFE par un dialogue entre l’État, responsable du cadre national, les collectivités territoriales concernées, ainsi que les usagers ». Jean-Luc Moudenc agira ainsi pour faire remonter au niveau gouvernemental les difficultés rencontrées dans le cadre de la ZFE et tenter de trouver des solutions.

La mairie précise également que l’institution du groupe de travail reste relativement récente et que « les sujets portés collectivement vont avancer au fur et à mesure des réunions ». Parmi les points qui seront possiblement évoqués : l’harmonisation des règles de circulation des différentes zones, les aides à l’achat de véhicules plus propres, l’assistance apportée par l’État ou encore la liste des territoires obligés de déployer des ZFE. Dans cette entreprise, Jean-Luc Moudenc œuvrera au côté d’Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg.

Un investissement de l’État jugé insuffisant

Ce projet apparaît comme une réponse du gouvernement face à la contestation grandissante. Depuis le début d’année, Jean-Luc Moudenc avait d’ailleurs lancé plusieurs appels à l’État, lui demandant un coup de pouce pour faire accepter les ZFE. Interrogé par France Inter le 13 février dernier, il avait déclaré : « Je pense qu’il y a vraiment tout un travail à faire pour que la finalité des ZFE, qui est une finalité de santé publique, soit maintenue mais par contre, on ne doit pas faire de l’écologie pour une certaine élite mais bien une écologie populaire avec une considération particulière pour ceux qui ont des moyens limités ».

Dans cette logique, le maire de la ville rose a d’ailleurs fait savoir que le risque de verbalisation des véhicules interdits par la police municipale sera très faible jusqu’à la mi-2024. A cette date, est prévue l’installation d’une soixantaine de caméras dans le centre de Toulouse pour effectuer le contrôle automatique des véhicules avec lecture des plaques d’immatriculation. Les personnes concernées s’exposeront alors à une contravention de 68 euros.

Sachez enfin qu’au 1er janvier 2024, les véhicules classés Crit’air 3 seront à leur tour exclus du périmètre de la ZFE toulousaine.

Crédit photo : JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP