Alors que dix prisonniers détenus en France ont été testés positifs au coronavirus, selon la ministre de la Justice, les prisonniers détenus dans les établissements pénitentiaires toulousains devraient faire face à des conditions d’hygiènes insuffisantes.
Selon la ministre de la justice, Nicole Belloubet, dix personnes détenues dans les établissements pénitentiaires français ont été testés positifs au coronavirus. Au total, 450 présenteraient les signes de la maladie mais n’auraient pas encore été testées. Dans les trois établissements pénitentiaires de la préfecture de Toulouse, la tension monte.
Au centre de rétention administrative de Cornebarrieu, deux détenus suspectés d’infection auraient été placés en isolement. A ce jour, aucune communication de la préfecture ne permet d’affirmer s’ils ont été testés positif ou s’ils ont été libérés.
A la maison d’arrêt de Seysses, près de quinze détenus seraient actuellement isolés. Selon une source pénitentiaire, ils seront testés, tout comme trente autres prisonniers de l’établissement l’ont été depuis le début de l’épidémie. Tous ont été déclarés négatifs.
Des mesures d’hygiène mal appliquées
Au centre de rétention administrative de Cornebarrieu, les sept personnes étrangères encore enfermées courent « un risque accru pour leur santé ». Anita Bouix est avocate et membre de l’Association toulousaine des Avocats pour la Défense des Personnes étrangères. Elle et son association considèrent « les conditions dans lesquelles sont retenues ces personnes comme un traitement inhumain et dégradant ».
Les mesures d’hygiène et de distanciation sociale nécessaires à la lutte contre la propagation du coronavirus ne seraient pas respectées. « Les policiers ne portent ni masques, ni gants. Les personnes mangent les unes à côté des autres et elles sont maintenues dans le même secteur » affirme l’avocate.
Les frontières françaises sont fermées pour endiguer l’épidémie mondiale. Par conséquent, les personnes en détention ne peuvent pas quitter le territoire. Anita Bouix insiste que, par conséquent, il n’y a « aucun fondement légal au maintien de ces personnes en rétention ».
Le 16 mars, l’avocate signe un communiqué inter-associatif demandant la libération des 63 personnes étrangères détenues initialement à Cornebarrieu. Depuis, la plupart des détenus ont été remis en liberté. Lundi 23 mars, il ne restait que cinq personnes, rejointes mercredi et samedi par deux nouveaux détenus, transférés depuis la maison d’arrêt de Seysses. Des conditions de transferts qui inquiètent les associations. Selon Anita Bouix, elles auraient été admises au centre de rétention de Cornebarrieu « sans aucune précautions. On est complètement à l’encontre de ce qu’il faudrait faire » conclut-elle.
« Les détenus pètent les plombs de peur que le personnel pénitentiaire apporte la peste du dehors »
A la maison d’arrêt de Seysses et au centre de rétention de Muret, les détenus craignent que le personnel pénitentiaire fasse entrer le virus. Mardi 17 mars, la ministre de la justice avait annoncé la suspension des parloirs dès le lendemain. Depuis, seuls les agents pénitentiaires sont en contact avec les prisonniers. Mais ceux-ci sont peu protégés.
A Muret, « les détenus pètent les plombs de peur que le personnel pénitentiaire apporte la peste du dehors » assure Hélène Dupont. Présidente de l’association le Cri Colomiers, elle est régulièrement en contact avec un des détenus du centre de rétention. Celui-ci lui a récemment fait part de ses inquiétudes. Selon elle, beaucoup d’entre eux « ont peur que les surveillants portent le virus sans le savoir ».
Des craintes dont témoigne également Jérôme Combelles, agent pénitentiaire à la maison d’arrêt de Seysses. « Nous, on a peur d’être porteur du virus et de le propager au sein de l’établissement. Du côté des prisonniers, ils craignent qu’on le fasse entrer ». Lui et ses collègues tentent d’appliquer au mieux les mesures d’hygiène en « se lavant fréquemment les mains et en portant des gants ». Mais il dénonce le manque de moyens : « l’administration n’est pas en mesure de fournir un masque à chaque agent ».