Depuis 2014, l’association Toulouse nocturne travaille sur les problématiques relatives à la ville la nuit. Alors que l’on connaît les noms des premiers candidats aux élections municipales à Toulouse en 2020, son président, Christophe Vidal, espère qu’une véritable politique de la ville la nuit sera mise en place par le futur maire.  

Depuis quelques semaines, des guides de prévention des risques nocturnes sont distribués dans plusieurs restaurants McDonald’s toulousains. Une démarche à l’initiative de Toulouse nocturne pour alerter les noctambules sur leurs pratiques la nuit. Depuis 2014, l’association présidée par Christophe Vidal, ancien maire de nuit,  s’est emparée des problématiques relatives à la ville la nuit et multiplie les opérations de sensibilisation. Transports, sécurité, économie et travailleurs nocturnes, attractivité touristique, les champs d’actions sont vastes. Pour Christophe Vidal, la nuit est un enjeu véritable qui peut être un territoire d’innovation et d’expérimentation.

«Une ville n’a pas vocation à vivre 24h/24h. Mais une ville n’a pas non plus vocation à s’éteindre à minuit. Certains quartiers, bien définis, peuvent vivre en continu.»

Le président de Toulouse nocturne déplore qu’il n’y ait à l’heure actuelle de politique globale nocturne impulsée par la municipalité toulousaine. Surtout à Toulouse, quatrième plus grosse ville étudiante en France.

«Il y a eu un élan à la période des municipales en 2014. Deux candidats s’étaient engagés à travailler sur l’étalement des horaires du métro, dont l’actuel maire. Il y a eu un vrai beau frémissement pendant quelques mois, avec en novembre l’inauguration de l’étalement des horaires du métro le week-end. Mais après, tout est retombé comme un soufflet.»

Un manque de soutien des collectivités locales

L’association, qui a initié plusieurs actions, dénonce le manque de soutien des collectivités locales. En 2016, Toulouse nocturne a lancé, en partenariat avec la mairie, une étude sur le poids économique de Toulouse la nuit pour notamment évaluer le nombre de travailleurs nocturnes. « La mairie, qui est le bailleur de fonds, nous a présenté les premiers résultats en avril 2018 », explique Christophe Vidal. «Depuis silence radio.»

Face au manque de transports après minuit, l’association avait aussi mis en place en 2017 un service de navettes circulant toute la nuit du jeudi au samedi. Mais trois mois plus tard, les instigateurs de ce dispositif ont été contraints de l’arrêter.

«Nous n’avions pas assez de partenaires financiers pour poursuivre l’opération. Il aurait fallu qu’une collectivité locale nous accompagne. Et à ce moment-là on a constaté que personne ne bougeait.»

Les navettes de nuit mises en place par Toulouse Nocturne au niveau de la Place Saint-Pierre. Photo : Univers-cités.

Une situation compliquée pour Toulouse nocturne, d’autant qu’il y a selon son président un réel sentiment d’insécurité chez les Toulousains, qu’importe l’âge. L’ancien maire de nuit raconte recevoir des témoignages de jeunes femmes n’osant plus sortir seules. «Il y a de plus en plus d’agressions aux distributeurs automatiques. Les tentatives d’agressions physiques et sexuelles sont nombreuses. C’est une réalité qui est anormale. D’où la nécessité d’une vraie politique de la ville la nuit à Toulouse.»

La création d’un conseil de la nuit

Une politique de la ville la nuit qui devra être dirigée par un élu en charge des problématiques de gestion nocturne. Comme à Paris ou à Nantes, l’association Toulouse nocturne appelle à former ensuite un conseil de la nuit regroupant les divers acteurs du secteur. « Ce serait une vraie reconnaissance des enjeux de la nuit à Toulouse », explique Christophe Vidal. Concernant les priorités de ce conseil de la nuit, le président de Toulouse nocturne n’hésite pas :

«Il faut développer les transports de nuit pour éviter toute déambulation dans les rues.»

Étalement des horaires du métro le jeudi soir jusqu’à trois heures du matin, mise en place d’un dispositif de VTC et taxis devant les boîtes de nuit, ou encore réquisition de navettes gratuites, les solutions sont nombreuses pour Christophe Vidal. Il évoque aussi l’accompagnement d’une dizaine de gérants de discothèques toulousaines pour en faire une vitrine d’exemplarité. Distribution de bouteilles d’eau gratuites, kits de prévention et orientation des clients vers des solutions de transports sont les pistes développées pour le moment.

«Il faut qu’on change notre culture nocturne, qu’elle ne soit pas seulement une culture de loisirs, mais aussi d’accompagnement et de prévention des risques », reprend Christophe Vidal.

Un message lancé aux candidats aux municipales 2020

Contrairement aux dernières élections municipales, Christophe Vidal espère être entendu par les futurs candidats aux élections à la mairie de Toulouse.

« Pour moi, un candidat sérieux doit tenir compte des pistes que j’ai évoquées ». Mais surtout, considérera que la nuit n’est pas anecdotique et qu’elle n’est pas uniquement à traiter sous le prisme des sanctions et du contrôle.»

Interrogée sur le sujet, Nadia Pellefigue, qui s’est déclarée candidate aux prochaines élections municipales à Toulouse, a souligné que la ville la nuit était une thématique très importante, insuffisamment développée.

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