Elise* est cheminote depuis 11 ans. Elle témoigne sur la difficulté de ses conditions de travail, des répercussions qu’elles induisent sur sa vie familiale, et de l’impact qu’aurait la réforme sur les travailleurs du rail, mais aussi les usagers.
« Je suis agent roulant SNCF depuis 11 ans. Nous sommes à temps partiel à tour de rôle avec mon mari pour pouvoir nous occuper de nos deux enfants. Mes horaires bougent en permanence. J’ai une grille de roulement mais parfois j’apprends mes horaires la veille. Avec deux enfants, c’est vraiment chaud. En une semaine je n’ai jamais les mêmes horaires. Il y a des journées où je peux faire onze heures d’amplitude, et d’autres seulement cinq. C’est super aléatoire. Les collègues qui font les trois-huit ont au moins une régularité sur une semaine de boulot. Nous bossons le week-end, nous bossons de nuit. Nous ne mangeons jamais aux mêmes heures, et nous ne dormons jamais de la même façon, ce qui, d’après les études, enlève une dizaine d’années d’espérance de vie. Et nous devons cotiser 43 annuités, comme tout le monde ! Il faut savoir que c’est chez les roulants (conducteurs, contrôleurs) qu’il y a le plus de divorces. Les répercussions de la réforme sur les usagers ? Moins de trains, une hausse du prix des billets, et pas le même service. Pour les cheminots ? Nous sommes impactés pour la retraite, la santé, pour nos conditions de travail, nos vies sociales. Si la réforme passe, ça pourrait faire un France Télécom avec une vague de suicides. »
* Le prénom a été modifié
Photo de une : wikipedia.org
Propos recueillis par Florian Cauquil