Théo Henriel, ingénieur à l’INSA de Toulouse a remporté le mardi 30 janvier, parmi 18 candidats, le Prix du Jury lors de la finale régionale de Ma Thèse en 180 secondes, une compétition ouverte aux doctorants. Le but est simple : expliquer sa thèse en 3 minutes, d’une façon claire et concise à l’aide d’un seul diaporama. Retour sur son expérience.
Pouvez-vous nous expliquer, non pas en 3 minutes, mais en quelques lignes le sujet de votre thèse ?
Ma thèse porte sur la facilitation de la rénovation globale des bâtiments à Toulouse. Aujourd’hui, on a les capacités techniques pour la rénovation des bâtiments mais on ne rénove pas, ou très peu. C’est pourquoi, je cherche à comprendre ce qui bloque en regardant de manière plus globale, comme les critères sociaux, les habitants, la prise de décision, toutes ces caractéristiques complexes. J’essaie aussi d’instaurer une dimension des comportements et de l’environnement dans mes recherches.
Quand et comment avez-vous entendu parlé de Ma Thèse en 180 secondes ?
J’avais vu quelques vidéos du concours et des amis du laboratoire qui l’avaient fait m’en ont aussi parlé. Du coup quand on a reçu le mail pour les inscriptions, je savais déjà ce que c’était, sans idée particulière. Je me suis posé une demi-journée pour y réfléchir et à partir du moment où dans ma tête c’était clair qu’il y avait un moyen de faire un truc marrant et intéressant, je me suis lancé.
Trois minutes pour résumer une thèse entière, cela semble court… N’est-ce pas frustrant ?
A la fois c’est dur, parce que c’est beaucoup de travail à résumer en peu de temps. Mais en même temps, c’est aussi intéressant parce qu’on doit réussir à captiver une audience durant ces trois minutes. On se rend compte que trois minutes c’est long, puisqu’au bout de deux minutes, souvent il y a des creux dans la concentration et si on ne repart pas sur quelque chose d’intéressant, le public décroche. On est habitué aux conférences, présentations ou papiers qui se font sur un format plus long. Mais dans ces cas-là, le public est averti, il connait le sujet. Dans ce concours, ce sont des gens qui sont a priori complètement novice dans la matière. Du coup captiver quelqu’un et garder son attention durant trois minutes c’est aussi relativement long.
« Le travail de vulgarisation est hyper important et il n’est pas facile, pas parce que c’est court mais parce que c’est long », Théo Henriel
Je ne trouve pas cela frustrant du tout ! Le principe ici est de vulgariser notre sujet de thèse, ce que je trouve passionnant. Avant de participer, quand je parlais de ma thèse, les gens autour de moi ne trouvaient pas mes explications claires, je voulais en dire trop et du coup ils décrochaient. Avec cette compétition, le but c’est d’apporter les éléments de contexte et d’essayer de faire comprendre le sujet et les résultats. Depuis le concours, j’explique beaucoup mieux ma thèse hors contexte.
Que vous a apporté la participation à cette compétition ?
Tout d’abord, je dirais beaucoup de recul sur le sujet. Quand on fait une thèse, on part un peu dans tous les sens, on suit plusieurs pistes. Quand on doit condenser en trois minutes, il faut réussir à dire pourquoi on fait la thèse, quel est l’objectif initial, quels résultats je suis sensé obtenir, etc… Et du coup ça permet de faire un pas de côté, de se refocaliser sur le sujet. Mais après au-delà, c’est une belle expérience pour se connaitre à travers sa résistance au stress, ses qualités d’orateur, le charisme sur scène. Ce sont des compétences intéressantes à développer.
Votre rôle de Superman de la réflexion pour la rénovation des logements a reçu le Prix du Jury. Quelle a été votre réaction ?
C’est un jury assez diversifié, composé de 9 personnes qui sont des universitaires, des entreprises, des professeurs d’université. C’est super parce que ce sont un peu nos paires donc c’est toujours plaisant de voir que le travail a plu, non pas que le public ne soit pas intéressant mais c’est différent. Cette année, on était 18 participants à cette finale et il y avait un niveau de fou en terme de qualité des présentations, de vulgarisation et d’humour. J’étais d’autant plus surpris de gagner.
Alors effectivement, il en fallait un qui gagne, mais je pense que le but c’est aussi de faire parler des thèses, de manière générale, de faire parler des labos, de mettre en avant des collaborations. On est dans un pays où la recherche n’est pas hyper valorisée, par rapport à d’autres pays. Du coup, on était tous là pour mettre en lumière nos projets, on s’aidait et se soutenait. Tout le monde a passé une bonne soirée. L’aventure continue pour moi donc c’est super mais le but c’était vraiment de mettre en avant le monde de la recherche.
Vous êtes sélectionné avec Clément Fabre (Institut National Polytechnique de Toulouse), qui a reçu le Prix du Public, à la demi-finale nationale pour tenter de décrocher une place en finale au mois de juin prochain, qui se déroulera à Toulouse. Comment appréhendez-vous cette nouvelle étape ?
On n’a pas encore toutes les informations, mais c’est sûr que je vais donner le meilleur pour revenir à Toulouse en juin. Quand on participe à un concours on devient compétiteur et on a envie d’aller le plus loin possible. D’autant plus que la finale a lieu à Toulouse au TNT (Théâtre National de Toulouse), c’est un beau théâtre et ce serait un super moment et une super exposition pour nos recherches. Personnellement, mon texte ne changera pas fondamentalement. Il y a des ajustements à faire mais dans la globalité, il restera sensiblement pareil. Avec Clément, on va sans doute continuer de travailler ensemble, comme nous l’avons fait avant la finale. Il n’y a pas de concurrence puisque l’on est tous les deux dans des domaines très différents. Ce serait génial que l’on soit tous les deux à Toulouse. Ce sera juste plus difficile de trouver des places dans le théâtre.
Photo de une : © Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées