Le 19 janvier dernier, la Chapelle, plus ancien squat culturel de France situé à Toulouse, a vu son existence pérennisée pour 40 ans. La signature du bail emphytéotique avec la mairie met fin à l’occupation illégale du lieu depuis 25 ans.

Depuis 1993, la Chapelle, lieu atypique d’expérimentation sociale, politique et culturelle, conservait son statut de squat. Changement de cap le 19 janvier 2018 : un bail emphytéotique et une promesse de vente ont été signés entre l’association qui gère les lieux l’Atelier idéal et la mairie. L’Atelier Idéal est désormais un occupant légal du squat, propriétaire du site. Le lieu continuera d’accueillir tout un tas d’évènements (théâtre, cirque, débats, préparations de manifestation, projections cinéma…), le tout dans une totale légalité.

Un lieu chargé de luttes depuis 25 ans

En 2006, la Chapelle est menacée d’explusion par l’archevêché de l’époque. Il souhaite alors laisser la main à une association prévoyant de raser le batîment pour construire des logements sociaux. Un projet qui avait alerté le collectif de l’Atelier idéal. Par la force de leur opposition, l’association de logements n’a eu d’autre choix que d’abandonner le projet.

« Il y a eu des moments où l’on n’était pas sûrs de pouvoir continuer nos activités. », lâche Sébastien, membre de l’Atelier idéal depuis 13 ans

Trois ans plus tard, la mairie de Toulouse rachète le site dans l’optique de préserver l’expérience associative menée à la Chapelle. Dès lors, le projet de pérennisation du lieu est lancé. Et c’est après une délibération du conseil municipal en juin 2017 qu’un bail emphytéotique de 40 ans, accompagné d’une promesse de vente sous cinq ans pour un montant de 100 000€ sont signés le 19 janvier dernier. La crainte d’une expulsion n’est plus. Mais les ressentis restent mitigés. Certains comme Sébastien, qui a connu les périodes de menace d’expulsion, sont satisfaits de cet accord, « On refusait de signer une convention avec la mairie. On voulait une pérennisation sur le long terme et on l’a obtenu ». Tandis que Pierre, membre plus récent, redoute une « marge de liberté réduite ».

Un défi à relever

Si l’aboutissement du combat de l’Atelier idéal est un soulagement, l’obtention du statut légal de l’occupation du squat reste un défi lancé au collectif. « On aura des choses à prouver », précise Gilles, membre de l’association depuis 2015. Des travaux de mise aux normes sont désomais imposés pour accueillir le public et assurer la sécurité incendie. Devant être réalisés sous deux ans, les travaux débuteront dès l’été 2018. Grâce à une collecte de dons, lancée depuis plus d’un an, l’association a récolté un montant de 32 000€ pour financer les travaux. Une victoire pour le collectif. D’ici deux ans, l’Atelier idéal prévoit un deuxième appel aux dons médiatisé pour le rachat collectif du lieu.