A partir du 28 avril, seront placardés dans les rues de Toulouse quinze portraits grand format de joueuses de rugby. Toutes joueront au même moment les phases finales du Top 8. Parmi ces élites de l’ovalie féminine, on trouve quelques championnes évoluant au Stade Toulousain (STRF).

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Deux ans pour créer une équipe féminine

Ce sont elles qui ont convaincu Yona Maassen, la photographe en charge de l’exposition, baptisée « Hors Jeu ». « Il y a deux ans, raconte la jeune trentenaire, j’ai appris que le Stade Toulousain ouvrait une équipe féminine. Je n’étais pas spécialement ‘rugbyphile’ à l’époque, mais j’ai rencontré leur entraîneur, qui m’a expliqué à quel point il avait été difficile de convaincre le Stade de former cette équipe ». L’homme lui explique alors que « deux ans de négociations acharnées » ont été nécessaires avant que l’idée ne soit concrétisée. Deux ans qui ne suffiront pas à faire tomber toutes les barrières. Yona se souvient ainsi que « financièrement, on ne leur donnait rien ». « J’ai trouvé ça vraiment misogyne », explique-t-elle.

La photographe décide alors de suivre les filles, durant plusieurs mois. Très vite, elle s’aperçoient qu’elles « cartonnent ». « Elles sont entrées dans le Top 8, ajoute Yona, et c’est à ce moment-là que je me suis dit que j’avais envie de défendre leur cause ».

« Hyper-investies », mais « pas payées »

Avec l’aide d’Aurélie Morandie, ex joueuse de rugby et championne du Monde de judo vétéran 2015, et l’association « Le Studio Français », elle se lance alors dans la réalisation de l’exposition.

Yona se rappelle avoir été très touchée par les rugbywomen. Elle les décrit comme des filles « hyper-investies », des joueuses « avec un niveau professionnel, qui font des horaires de fou et ont une vie privée quasi-inexistante ». Malgré leur engagement, et un engouement croissant pour le rugby féminin, la grande majorité d’entre elles « ne sont pas payées », déplore Yona.

« En fait, elles sont sous-médiatisées, explique la photographe, du coup, c’est un cercle vicieux. Tant qu’elles ne sont pas médiatisées, elles n’ont pas d’argent, parce que trouver des sponsors ou des partenaires est alors très compliqué. En même temps, si elles n’ont pas d’argent, il devient difficile de s’occuper de la communication, et donc, de la médiatisation ».

« Qui suis-je ? »

C’est pour rompre ce schéma à répétition que Yona s’est lancée dans le projet « Hors-Jeu ». Elle a choisi un format portrait, où les visages des rugbywomen apparaissent naturels, saisis dans les « premiers instants d’après-match ». La photographe voulait à tout prix « être dans le feu de l’action, et capturer toute l’émotion » de ces moments. A côté de ces clichés, une phrase sera inscrite : « qui suis-je ? ».

Du crowdfunding pour boucler le budget

Elle et Xavier Larroque espèrent ainsi « questionner la place de la femme dans le rugby, mais aussi dans le sport de haut niveau de manière générale ». Il ne leur reste plus qu’à surmonter les derniers obstacles, d’ordre financier. Si la mairie de Toulouse a pris en charge une partie de l’exposition, l’équipe a aussi dû lancer une campagne de crowfunding afin de boucler son budget. Sur les 7000 euros nécessaires, 1180 ont d’ores et déjà été récoltés.

Yona l’assure, si la somme espérée n’est pas atteinte, ils iront tout de même « jusqu’au bout du projet ». Quitte à y laisser quelques plumes, en s’endettant personnellement…

Infos pratiques : exposition à voir du 28 avril au 28 mai 2016, dans les rues et stations de métro de Toulouse.